Dire que l'homme est un sujet conscient, c'est affirmer qu'il se sait en relation avec la réalité extérieure, par l'intermédiaire des cinq sens qui lui permettent de saisir les choses qui l'environnent comme autant d'objets faisant face au sujet qu'il est. Cela signifie également que le sujet perçoit la réalité intérieure et subjective de ses états d'âme ou de ses sentiments (...)
[...] De ce paradoxe naît plusieurs questions : Comment d'un état de conscience immédiate un individu devient conscient d'avoir conscience ? Quel est le processus de la prise de conscience et quelles modifications engendrent-elles sur le sujet ? En effet, si l'on analyse l'expression prendre conscience cela sous-entend que nous n'avons pas naturellement conscience d'être conscient, puisque ce qu'on ne prend pas, on ne l'a pas. La prise de conscience nécessite par conséquent, ou résulte d'un acte volontaire ou extérieur qui modifie la condition d'un individu, ainsi que sa perception des choses et de lui-même. [...]
[...] Ainsi, nous avons conscience mais nous n'en sommes pas conscient : c'est une conscience témoin. En effet, deux phénomènes modèlent notre existence et nous y empêchent. Le premier est l'habitude. Bergson, dans L'énergie spirituelle pose cette question : Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience se retire En effet, dans la formation d'une habitude, un individu qui répète les mêmes exercices pour acquérir une habileté commence par être conscient de chacun des mouvements qu'il exécute pour éliminer les gestes inutiles. [...]
[...] La question posée est donc la suivante : Comment être conscient sans l'être réellement ? Il nous faut alors réfléchir sur la conscience immédiate, que tout homme possède, et qui accompagne tout nos actes, et ce pourquoi nous agissons ou nous existons sans savoir ce que nous faisons ou qui nous sommes. La conscience spontanée s'exerce, par exemple, lorsque nous lisons un livre ; une phrase se fixe dans la conscience par un acte de relation qui nous échappe, qui s'est effectué sans notre volonté, sans notre accord. [...]
[...] Que s'est-il passé entre ces deux moments de degrés de conscience ? L'individu s'est enlevé de lui-même et a posé un regard sur lui, son soi est posé face à lui. Pour Kant, quand on prend conscience, on le fait à la manière des agents qui nous observent : Je me représente moi- même ni tel que je suis, ni tel que j'apparais, mais je me pense seulement comme n'importe quel objet en général Prendre conscience est donc un acte qui met à distance, qui objective un comportement, une action. [...]
[...] La prise de conscience nous tire vers l'objet, et nous passons d'une conscience immédiate, une conscience témoin, à une conscience réfléchie, qui est une dualité, le penseur et l'objet pensé, qui forment une unité à la suite de la prise de conscience ; l'objet pensé remplit le contenant vide de la conscience immédiate. Puisque nous sommes attiré par l'objet pensé, nous pouvons percevoir son essence, le voir tel qu'il est et non avec une perception utilitaire. Certaines de nos actions sont réalisées automatiquement, à un niveau de conscience le plus bas. L'obstacle permet alors de passer de la conscience immédiate à réfléchie, et nous libère de nos habitudes et tendances. [...]
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