La question "La matière est-elle perceptible ?" est sans aucun doute éminemment philosophique : elle contredit la doxa, l'opinion, mais aussi quelques philosophes pour lesquels la présence sensible de la matière est incontestable.
Ainsi, on peut s'autoriser à imaginer la réaction d'un Platon devant une telle interrogation : n'aurait-il pas déploré que la matière soit précisément ce qui est le plus immédiatement perceptible, pour ajouter aussitôt qu'elle est bien décevante, et que sa perception nous freine dans notre recherche de la vérité, qui doit se tourner uniquement vers le monde intellectuel des idées ? Mais, depuis Platon, la connaissance scientifique de la matière a évidemment progressé : c'est elle qu'il faudra sans doute interroger pour répondre à la question posée (...)
[...] Nous pouvons encore croire à la réalité de ce que nous percevons (même s'il faut pour y parvenir en passer par le cogito et la démonstration de Dieu comme garantissant notre capacité à penser vrai) LA DOUBLE IMAGE DU MONDE Nous sommes ainsi conviés à partager deux images du monde : celle, quotidienne, que nous donne notre perception et à laquelle nous avons toujours tendance à accorder notre confiance, et celle, totalement autre, que nous propose la connaissance scientifique. Il est clair que ces deux images n'offrent pas la même utilité et que recourir à l'une ou à l'autre dépend de notre rapport particulier au monde. [...]
[...] La nature matérielle (atomique) de l'âme s'accompagne de son caractère non perceptible. Descartes : la matière se caractérise par l'étendue (et l'âme par la pensée), à penser géométriquement. Einstein : il n'y a pas de différence entre matière et champ La matière représente d'immenses réservoirs d'énergie et l'énergie représente de la matière. Bachelard : une bonne image scientifique est celle dont il ne reste rien (exemple de la représentation de l'atome) CORRIGE Introduction La question La matière est-elle perceptible ? [...]
[...] On peut d'ailleurs conforter de telles conceptions par quelques références philosophiques. Ainsi, Descartes - lui aussi gêné dans sa quête de la vérité par la perception trompeuse de la matière, au point qu'il finit par en faire totalement abstraction - caractérise la matière par l'étendue (et l'esprit ou l'âme par la pensée), nous indiquant le principe d'une confrontation entre l'esprit humain et le monde, qui autorise l'élaboration de la science et des techniques. Au point que, si la matière devait se révéler non perceptible, on en viendrait à se demander sur quoi peut bien porter la connaissance, y compris dans sa version scientifique. [...]
[...] Conclusion Nous pouvons donc savoir que la matière n'est pas perceptible dans ce qui en constitue la dimension événementielle. Cela ne modifie pas pour autant notre croyance innocente à la présence matérielle des choses. Peut-être y a-t-il dans cette attitude une façon de se rassurer : l'atome désintégré et sa conversion en chaleur produisent aussi événement d'Hiroshima. La science, en s'éloignant infiniment par ses progrès du rapport naïf avec le monde, acquiert une réputation de plus en plus ambivalente, par rapport à laquelle le goût du quotidien, même connu comme grossier, peut sembler positif. [...]
[...] quelque sorte accès qu'à ses images, ou au matériel qu'elle fonde La science et ses images VERITE ET REALITE Même si nous avons toujours quelque difficulté à l'admettre, nous savons que la science n'a pas pour but ou ambition de trouver le réel (elle en cherche les lois derrière les apparences), et que ses vérités ne sont que des représentations de la nature, qui ne prétendent aucunement révéler l'être même des choses. Cela permet de répondre à l'inquiétude formulée sur la portée du travail scientifique dans le cas où nous ne percevrions pas la matière. [...]
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