Les notions de matière et d'esprit sont lourdes d'un héritage que la modernité ne cesse de remanier : la tradition philosophique issue de la Grèce (hors les philosophes matérialistes Démocrite, Epicure, Lucrèce) a pensé la matière... et l'esprit comme des pôles irréductibles l'un à l'autre.
L'affirmation de l'hétérogénéité de l'âme et du corps s'est traduite presque universellement en une croyance en l'immortalité de l'âme.
Aujourd'hui, l'avancée des sciences, durant les deux derniers siècles, nous conduit à nous interroger sur la pertinence de cette opposition et sur la réalité de ces deux notions : est?il encore légitime de parler d'esprit ? La notion de matière a-t-elle encore un sens au moment où la physique contemporaine ne parle plus que d'énergie se déployant dans un "espace-temps". (...)
[...] Y a-t-il quelque chose de commun entre cette matière qui nous entoure et avec laquelle nous vivons et les théories scientifiques qui révèlent sa nature ? Pour la science, la matière est plus abstraite, plus complexe que ce que perçoivent nos sens et elle tient plus de l'organisation mathématique que des couleurs que lui prêtent nos peintres. La philosophe note aussi que la notion de matière semble être le creuset d'une production de théories scientifiques et philosophiques complexes et parfois contradictoires. [...]
[...] Sans le langage, cette donne ne se met pas en route, les neurones ne s'activent pas, et les potentialités restent lettre morte (la survie d'un neurone dépend de son utilisation). Un cerveau est un ensemble de potentialités qui restent inefficientes sans la culture. Pour saisir la réalité de l'esprit, il est donc nécessaire de le replacer dans le contexte social. Les mécanismes de la pensée n'existent qu'en relation avec un langage, nécessairement collectif ; ils sont liés à des règles logiques, sociales établies par la culture. [...]
[...] C'est le grand mérite de S. Freud d'avoir cherché à expliquer les troubles psychiques en termes de significations, d'intentions, de langage au lieu de les renvoyer à des causes mécaniques, neuronales ; et d'avoir montré qu'il y a un sens de l'insensé, une signification cachée même dans le monde de la déraison, de l'absurde, de l'angoisse et que c'est le rôle du psychanalyste de le déchiffrer comme on déchiffrerait une langue étrangère, étrangère à celui même qui la parle car elle renvoie le plus souvent à des évènements traumatisants du passé que le sujet a refoulé. [...]
[...] En acte signifie effectivement, actualisé. Est en acte la réalité dont toutes les potentialités se sont effectivement déployées : la fleur éclose est en acte. Ce qui existe ce n'est pas le corps et l'âme, ni le corps plus l'âme mais une unité organique : le corps animé. Il y a autant d'âmes que de genres d'êtres organisés : l'âme nutritive des végétaux assure les fonctions végétatives (croissance, assimilation, respiration, reproduction) et le maintien de la vie. L'âme sensitive des animaux assure les fonctions sensitives et motrices et le fait de ressentir de la peine ou du plaisir. [...]
[...] Dès lors, un problème se posera à Descartes : l'union de l'âme et du corps. Comment des processus de l'ordre de l'esprit, immatériels, non spatiaux, (les émotions, les motifs d'une action ) peuvent ils mouvoir le corps, déclencher ses mécanismes, engendrer des actions ? Pourtant le philosophe reconnaît que le corps agit sur l'âme par les sensations, les passions et l'âme sur le corps par la volonté : L'âme de l'homme est réellement distincte du corps et toutefois ( ) elle lui est si étroitement conjointe et unie qu'elle ne compose que comme une même chose avec lui Descartes identifiera comme lieu de cette union, la glande pinéale, c'est à dire l'épiphyse, chargée d'établir la communication des informations du corps à l'âme, et des volontés de l'âme au corps. [...]
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