Marx forge une hypothèse pour tenter de rendre compte de cette impasse : l'erreur est de nature philosophique — elle est causée par la domination de la philosophie sur la pensée politique. Tous les socialismes jusqu'à lui sont restés idéalistes, spéculatifs, imaginaires. Par là-même, ils sont tous exclusivement sentimentaux quand bien même ils se pareraient d'une rationalité apparente. La réforme sociale est un vœu pieu, même si l'on critique la religiosité, tant que le mouvement politique ne repose pas sur des fondements théoriques scientifiques. Il y a une erreur commune à la théorie et à la pratique, qui consiste, pour chacune d'entre elle à ignorer l'autre. Avant de vouloir réformer, il faut comprendre dans quel monde on vit, ce dont sont incapables les socialistes qui ont une conception de l'économie et de la propriété anachroniques car ils n'ont pas pris garde aux changements qui ont affecté l'économie mondiale. C'est cela le nouveau matérialisme : la compréhension des conditions matérielles de l'existence et celle de leur rôle de moteur de l'histoire. C'est par sa puissance d'analyse que Marx a dominé le mouvement révolutionnaire et obligé durablement ceux qui se réclament du socialisme à se situer philosophiquement par rapport à lui.
[...] La modernité n'a pas inventé le rapport de force. Contre tout le socialisme qui hésite entre une conception de l'histoire comme progrès et une conception de l'histoire comme déclin, pour Marx il y a toujours eu du rapport de force, c'est la raison pour laquelle il y a eu des révolutions, mais les révolutions n'ont fait que changer la nature du rapport de force sans le supprimer de telle sorte que les opprimés sont devenus des oppresseurs. L'injustice moderne ne porte pas tant sur la difficulté du travail, la difficulté à être soi (cela a toujours existé) mais sur la véritable aliénation et exploitation inédite inventée par le mode capitaliste de production, qui n'a pas existé de toute éternité et n'est pas dû à une modification du travail et de l'industrie : c'est le travail qui est devenu autre, qui est aliéné. [...]
[...] Dans la suite, il met en place la dictature du parti bolchevik. En 1919, il provoque la scission de la II internationale qui avait été fondée en 1889 et fonde la IIIe, le Komintern (la quatrième est celle qui fut fondée par Trotski en 1938). Devant les difficultés économiques, il déclare, à partir de 1921, la nouvelle politique économique, NEP, capitalisme dirigé destiné à assurer les conditions d'installation du socialisme, phase capitaliste menée sous le contrôle de la dictature du prolétariat et non, comme le souhaitaient les mencheviks en laissant faire la bourgeoisie. [...]
[...] Les serfs sont de petits paysans asservis constituent la classe productrice, rurale, tandis que le centre dominant dans l'antiquité était la ville. Mais dans la ville, médiévale, parallèlement se développe le métier et l'organisation en corporations. La hiérarchie, souvent complexe, qui existait dans ces époques témoigne bien que l'on avait déjà affaire à des oppositions, à un conflit, à une lutte lutte de classes. La classe est déterminée par des conditions de production. Que cela ait changé témoigne bien que cette lutte est oppression et que l'ordre ne tient que par l'oppression. [...]
[...] Ceux qui se veulent radicaux comme Proudhon font entrevoir le rêve d'une amélioration. La révolution est un acte de magie : ils confortent l'ordre établi. Ceux qui visent une forme de communisme comme Charles Fourier dans son projet de phalanstère acceptent bien le monde comme il va : ils vivent dans un jardin, en marge. Ce sont des marginaux qui servent de caution à l'ordre social. Eux aussi visant le bien, et ils sont pacifistes et donc incapables de prendre réellement parti. [...]
[...] Au bout d'un certain temps (il faut de la répétition), un surplus peut se dégager. Le salaire en vérité baisse car il finit par ne plus correspondre au travail fourni qui augmente de diverses manières possible. Ainsi, la division du travail peut-elle atteindre son point culminant dans la grande industrie, car dans la manufacture l'ouvrier n'est pas encore entièrement dépossédé car il garde encore le souvenir du métier. Même si la grande industrie et la machinisme n'ont pas encore remplacé le travail manuel, l'ouvrier n'est plus l'auteur de son travail, il n'est plus propriétaire de ce qu'il fabrique, ce qui est analysé dans les Manuscrits de 1844 comme l'aliénation du travail qui n'est pas aliénation du produit du travail mais l'aliénation n'apparaît pas seulement dans le résultat, mais dans l'acte de la production, à l'intérieur de l'activité productrice elle-même Manuscrits de 1844, trad. [...]
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