Il faut distinguer la raison universelle de la raison que suit un homme passionné. L'homme peut ainsi avoir "ses raisons" : des motivations particulières qui ne peuvent prétendre à l'universalité (...)
[...] Selon lui, il y a d'une part une raison universelle dont tout homme est pourvu et qui est censée permettre aux hommes de trouver le chemin entre le vrai et le faux, le bien et le mal, jusqu'à la vérité. Et il y a d'autre part, des raisons particulières, motifs inspirés par les passions, qui poussent l'homme à commettre des actions immorales. Néanmoins, chacun doit être capable, par sa lucidité, de faire taire ses passions pour rentrer en lui- même et retrouver la voix de la raison universelle. [...]
[...] Pourtant, l'auteur réaffirme l'existence de la raison universelle. Il semble en effet que les passions soient déclenchées par des circonstances extérieures particulières. Un homme a donc "ses raisons", désignant alors des motivations particulières, des motifs inspirés par les passions qui le poussent à effectuer des choix qui ne sont pas ceux auxquels pousse la raison universelle. Nous pouvons par exemple penser que la cupidité, la passion de l'avoir, pourrait éventuellement amener un homme à sauver un animal ayant de la valeur. [...]
[...] Malebranche oppose donc la raison universelle, singulière, aux raisons particulières, qui sont plurielles. Lorsque la raison saisit intérieurement des évidences qui ont une portée universelle, les passions au contraire induisent des jugements non raisonnables et semblent donc être déclenchées par un événement extérieur. La raison est donc une, ou est déraisonnable. Toutefois, le doute persiste, existe-il réellement une universalité en dehors des mathématiques ? Ainsi, si nous pouvons accepter facilement l'universalité d'une vérité mathématique, la préférence accordée à l'homme sur l'animal peut sembler variable selon l'époque et le lieu. [...]
[...] Malebranche énonce tout d'abord deux exemples d'évidences : "Je vois, par exemple que 2 fois 2 font et qu'il faut préférer son ami à son chien." Une évidence est ce qui ne peut être mis en doute et qui apparaît à l'esprit de manière immédiate, sans la méditation d'un raisonnement. Les exemples fois 2 font qui semble être une intuition plus qu'une convention, et "il faut préférer son ami à son chien", qui a une valeur plus morale que conventionnelle, participent à la construction du raisonnement de l'auteur, dans le but de l'affirmation de l'existence d'une raison universelle. Le raisonnement de Malebranche repose à ce moment-là du texte sur deux arguments. [...]
[...] Il distingue en effet, la raison universelle, de la raison que suit un homme en proie à la passion. La passion est ainsi définie comme ce qui, par opposition à l'action, à la raison et à la volonté, est subi par l'âme. La passion est considérée comme l'effet d'une force venant de l'extérieur, par opposition à l'action dont le principe est à l'intérieur du sujet. Malebranche prend alors un contre-exemple, basé sur la même construction que l'évidence "il faut préférer son ami à son chien". [...]
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