Il faut penser par soi-même pour découvrir la vérité, nous dit Malebranche dans l'extrait de De la recherche de la vérité que l'on se propose d'expliquer. Il ne démontre pas directement cette thèse dans ce passage, mais s'en tient à l'établir en raisonnant par analogie, ce qui lui permet de l'illustrer du même coup. Il faut utiliser son esprit comme on utilise ses yeux : de même que "les hommes se servent de leurs yeux pour se conduire", il leur faut se servir directement de leur esprit pour conduire leur pensée au lieu de s'en remettre à d'autres (...)
[...] La première analogie de Malebranche établit un lien entre les choses et leurs usages. L'usage de l'esprit est à l'usage des yeux, ce que l'esprit est aux yeux nous dit-il. Il faut comprendre que le rapport de l'usage des yeux à l'usage de l'esprit est identique à celui de l'esprit aux yeux eux-mêmes : que tout ce qui est vrai du second rapport, qui nous est familier, l'est aussi du premier, qui est plus abstrait. Cette analogie conduit d'abord notre auteur à définir une hiérarchie entre les biens : les relations entre les termes étant identiques, on peut en conclure que le rapport de valeur qui existe entre ceux du premier groupe est directement proportionnel à celui qui existe entre ceux du second. [...]
[...] Y a-t-il des maîtres de vérité ? Ou la vérité est-elle par définition libre et sans maître ? Qu'est-elle ? Où faut-il la chercher ? Qu'est-ce enfin qu'un esprit libre ? I. Il en va de l'esprit comme des yeux Malebranche établit sa thèse en raisonnant par analogie. Rappelons donc qu'une analogie est une identité non de termes, mais de rapport. Les termes mis en rapport peuvent être différents et appartenir à des domaines distincts ; mais le rapport que l'on établit entre eux demeure invariant. [...]
[...] Le propos de Malebranche est de nous faire comprendre, en raisonnant par analogie, que l'on ne peut prétendre chercher la vérité sans opérer cette conversion. Il faut réfléchir pour la connaître, parce qu'elle n'existe qu'en nous, non en dehors de nous, c'est- à-dire dans notre esprit, non dans celui des professeurs. Les yeux du sage sont dans sa tête et la vérité est donc naturellement sans maître : elle n'appartient à personne en particulier, mais à tous par nature et il appartient à chacun, en science comme en morale, d'être son propre maître. [...]
[...] Malebranche, De la recherche de la vérité : la vérité Commentaire philosophique d'un extrait de De la recherche de la vérité de Malebranche, démontrant qu'il faut penser par soi-même pour découvrir la vérité. Texte étudié Il est assez difficile de comprendre, comment il se peut faire que des gens qui ont de l'esprit, aiment mieux se servir de l'esprit des autres dans la recherche de la vérité, que de celui que Dieu leur a donné. Il y a sans doute infiniment plus de plaisir et plus d'honneur à se conduire par ses propres yeux, que par ceux des autres ; et un homme qui a de bons yeux ne s'avisa jamais de se les fermer, ou de se les arracher, dans l'espérance d'avoir un conducteur. [...]
[...] L'insensé marche dans les ténèbres nous dit-il. C'est la contrepartie logique de l'inversion du rapport que l'on a effectuée. Le fait est que l'on ne peut pas plus voir par les yeux d'autrui que l'on ne peut penser par l'esprit d'un autre, fût-il professeur. Seuls les aveugles, qui marchent dans les ténèbres, ont des guides. Il s'en suit que l'insensé, c'est-à-dire celui qui a inversé le rapport que le bon sens établit naturellement entre les choses, est comme un aveugle. [...]
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