« Chacun appelle agréable ce qui lui fait plaisir; beau ce qui lui plait simplement; bon ce qu'il estime, approuve, c'est-à-dire ce à quoi il attribue une valeur objective ». Dans Critique de la faculté de juger, E. Kant établit un lien entre le bien et la valeur de l'être raisonnable. De nombreux philosophes se sont d'ailleurs penchés sur cette question du bien et du mal et sur le lien que ces deux concepts entretiennent avec les valeurs. Le bien, c'est cette notion conforme à l'idéal moral, cette « activité de l'âme en conformité avec la vertu » pour citer Aristote. Tandis que le mal est considéré comme un obstacle à la perfection de l'homme, obstacle qui s'oppose au bien et aux normes et valeurs morales. Et, ces deux concepts philosophiques fondamentaux entretiennent des liens particuliers et sensibles avec cet être désirable et répondant à une aspiration de la conscience qu'est le concept de valeur. Alors, il est important pour le philosophe d'analyser les relations d'interaction qui existent entre ces trois concepts car il s'agit, ici, de porter sa réflexion sur la morale et pourquoi pas même l'éthique. Les valeurs et les jugements qu'elles entrainent forment la morale, système dans lequel le bien et le mal tiennent un rôle moteur dans la mise en place de règles de conduite tenues comme universellement et inconditionnellement valables.
[...] Pour Nietzsche, il est fondamental de dépasser le point de vue purement relativiste qui tendrait à affirmer à chacun son idée du bien et du mal et le point de vue se considérant comme objectif pour qui le bien et le mal sont des absolus. Toute appréciation morale, selon lui, est à rapporter à un système de référence. C'est l'homme qui créé ses valeurs. Ainsi, toute valeur doit être rapportée au système dans lequel elle s'inscrit et prend un sens. On peut donc comprendre que le philosophe doit se demander: qui évalue? [...]
[...] L'éthique annihilerait alors cette dimension conformiste que revendique la morale. Le propre et la vertu de l'éthique sont de proposer à l'homme, en tant que sujet libre et rationnel, une réflexion sur les prescriptions qu'il choisit de suivre. Par ce concept, l'homme va donc pouvoir juger, calculer, évaluer avec prudence toutes les possibilités de conduite qui s'offrent à lui avant de choisir celle qu'il considère comme se rattachant le plus au bien. Il y a donc ici un appel à l'esprit critique de l'individu mais également à son discernement et sa sagesse. [...]
[...] Le bien serait alors, aux yeux de Platon, le Divin: ce n'est ni réellement une notion, ni objectivement un concept, mais un principe suprême, supérieur à l'existence, à l'essence. Cette idée du bien va alors communiquer toute sa valeur, sa vérité, sa vie à tous les objets connaissables. On comprend donc ici la mise en place de ces valeurs absolues de bien et de mal par la religion. En effet, les institutions religieuses possèdent en elles une antinomie des valeurs et un certain manichéisme entre bien et mal. La religion, l'aspect divin sont alors les conditions de l'absolu. [...]
[...] Mais pour assurer la liberté humaine et peut-être la construction progressive d'une légitime réflexion éthique, il est nécessaire de transgresser les frontières de nos systèmes, dépasser, du moins par la pensée, les normes déterminées arbitrairement et les dogmes institutionnalisés afin de percevoir un idéal philosophique et humain. Aujourd'hui, la tentation est grande de recommander une éthique à la morale afin qu'elle libère l'homme, l'humanise et dédogmatise ses principes qui l'asservissent et freinent son accomplissement et son épanouissement. [...]
[...] Le bien est alors considéré comme une valeur objective qui s'impose identiquement à tous. C'est également une valeur idéale qui régule à distance notre pensée, nos actes et vers laquelle nous tendons perpétuellement. Afin de comprendre la mise en avant du bien et du mal comme valeurs absolues, il est pertinent de porter son analyse sur les réflexions de Platon. Par la critique de l'homme est la valeur de toute chose de Protagoras, Platon nous prouve que, selon lui, les valeurs ne sont pas relatives à celui qui les énonce. [...]
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