Le Mal et sa perpétration peuvent parfois avoir des conséquences inattendues. L'héroïne de Thérèse Raquin d'Émile Zola, est d'ailleurs une victime de cette imprévisibilité. En effet, le roman nous conte la passion adultère de Thérèse avec Laurent, un ami de son mari, Camille. Les deux amants vivent leur amour secrètement durant huit mois. C'est alors que tous deux décident d'assassiner Camille pour vivre ainsi leur passion au grand jour. Ils organisent l'assassinat : ils proposent à Camille une ballade en barque sur la Seine. Une fois arrivés au milieu du fleuve, Laurent pousse Camille à l'eau et le noie. Les amants meurtriers ne sont pas inquiétés par la police qui conclue à un triste accident. Tout semble aller parfaitement pour Thérèse et Laurent, mais il semblerait que leur passion soit morte avec Camille. En effet, les remords gagnent très vite les deux amants. Laurent est obsédé par la vision du corps sans vie de son ancien ami : il le voit lors de sa nuit de noce, durant laquelle, ni lui ni Thérèse ne trouvent le sommeil. Thérèse, quant à elle, devient sujette aux insomnies. Tous deux à bout de nerf, les disputes s'enchaînent. Les coups pleuvent. Après seulement six mois de mariage, tous deux n'ont qu'une envie : mourir. Alors qu'ils découvrent leur pulsion suicidaire respective, ils décident d'en finir ensemble et partagent la même coupe de poison. Ainsi, en voulant vivre leur passion au grand jour, les deux amants commirent l'irréparable, ce qui eut l'effet absolument opposé : l'acte qui devait les réunir ne fit que les séparer à tout jamais.
C'est dans une optique similaire que René Girard écrit, dans Mensonge romantique et vérité romanesque en 1961 : « Le Mal existe et c'est le désir métaphysique lui-même, c'est la transcendance déviée qui tisse les hommes à contre-fil séparant ce qu'elle prétend unir, unissant ce qu'elle prétend séparer. Le Mal, c'est le pacte négatif de la haine auquel tant d'hommes adhèrent strictement pour leur mutuelle destruction. » (...)
[...] Ainsi, en voulant vivre leur passion au grand jour, les deux amants commirent l'irréparable, ce qui eut l'effet absolument opposé : l'acte qui devait les réunir ne fit que les séparer à tout jamais. C'est dans une optique similaire que René Girard écrit, dans Mensonge romantique et vérité romanesque en 1961 : Mal existe et c'est le désir métaphysique lui-même, c'est la transcendance déviée qui tisse les hommes à contre-fil séparant ce qu'elle prétend unir, unissant ce qu'elle prétend séparer. Le Mal, c'est le pacte négatif de la haine auquel tant d'hommes adhèrent strictement pour leur mutuelle destruction.». Il semblerait tout d'abord que, pour Girard, le Mal soit unique. [...]
[...] Analysons plus précisément chacune d'elles. Tout d'abord, la métaphysique est la branche de la philosophie qui porte sur la recherche des causes premières et des premiers principes. On pourrait donc voir le Mal comme un désir ancestral, qui aurait pu se ramifier, de telle sorte que ses manifestations soient aujourd'hui omniprésentes. Girard utilise ensuite une métaphore : il compare les Hommes à des fils qui se mêlent. Selon le philosophe, le Mal créerait des liens entre les Hommes et ce malgré eux contre-fil»). [...]
[...] Les liens entre eux sont tout à fait détruits. Dans un même temps, le lien entre Malcolm et Macbeth se trouve renforcé : il s'agit d'un lien de haine viscéral, de vengeance. * * Ainsi la vision du Mal développée par les trois œuvres au programme n'est pas très éloignée de la vision de Girard. Néanmoins, certaines nuances apparaissent à la lecture des ouvrages. Le Mal peut ne pas être relié uniquement à la haine. En effet, considérons le Mal subi par le vicaire savoyard et le jeune expatrié. [...]
[...] En effet, Lady Macbeth montre ainsi son dévouement envers son époux, et Macbeth quant à lui prouve sa virilité (mise en doute par son épouse alors qu'il hésite à assassiner Duncan à l'acte premier). Néanmoins, quelques années passent et ces liens pourtant si forts s'en trouvent ronger, voire détruits. En effet, le remord s'insinue dans l'esprit du couple meurtrier et ce, dès la perpétration du régicide : Macbeth entend crier dans le château dormez plus. Glamis a assassiné le sommeil, c'est pourquoi Cawdor ne dormira plus, Macbeth ne dormira plus!». C'est ensuite au tour de Banquo d'être assassiné, son fantôme apparaît lors d'un banquet. [...]
[...] On ne peut discerner ici la présence d'une haine véritable, ou même d'un désir de destruction. De même, Lady Macbeth voit-elle la mort du roi comme un but en soi? Elle souhaite l'assassinat de Duncan de toute son âme, non par au détriment du roi, mais au profit de son époux. La haine n'entre alors pas réellement en ligne de compte. De même, Thérèse théâtralise sa vie non pas par haine de l'humanité toute entière, mais simplement par jeu. Elle manipule son entourage par plaisir. [...]
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