Par son sens étymologique, la machine est un appareil, un outil capable d'effectuer une action, un travail, une activité, qui lui a été commandée au préalable. De plus, le vivant signifie dans un premier sens ce qui est animé, donc capable de se mouvoir. Dans ce cas, la machine devient un modèle, c'est à dire une représentation schématique, simplifiée, pour comprendre le vivant, puisque les deux se ressemblent par leur capacité à se mouvoir. Cependant, le vivant désigne aussi l'être qui est « habité », en quelque sorte, par une force, un flux vital qui est autonome. Ceci est complètement l'opposé d'une machine qui n'agira que si on le lui demande. Par exemple, une pendule ne se remontera jamais toute seule. Dans ce sens, la machine ne peut fournir un modèle pour comprendre le vivant.
Cette double vision de ce qu'est le vivant par rapport à la machine va donc apporter le problème suivant : soit machine et vivant sont régis par les mêmes principes physiques élémentaires et alors la machine est une forme simplifiée du vivant, donc un modèle, soit le vivant se distingue de tout objet en action par un principe qui lui est propre, la force vitale, et dans ce cas la machine ne peut plus fournir de modèle.
[...] Par conséquent, ce flux vital spécifique au vivant entraîne le fait que le vivant est aussi doué d'une capacité métaphysique, ce qui signifie qu'il peut, principalement pour l'humain, raisonner par lui-même et il éprouve des sentiments, des impressions, ce que l'on retrouve chez les animaux selon ce que l'on appelle l'instinct. Or une machine ne possède rien de cela. D'ailleurs ne dit-on pas d'une personne qu'elle agit comme une machine lorsqu'elle se comporte comme si elle n'éprouvait aucun sentiment ? Nous pouvons aussi citer l'exemple du quotient intellectuel d'une machine. En effet, une étude a démontré qu'une calculatrice sait calculer ce qu'on lui demande à partir de sa programmation, mais qu'elle ne sait nullement ce qu'elle fait et dans quel but. [...]
[...] A partir de cela se sont développées la chimie organique et la biochimie qui permirent d'expliquer des phénomènes comme la régénération ou la cicatrisation, que l'on disait causés par la force vitale avec le vitalisme. Ainsi, la biologie et la biochimie modernes ne s'appuient plus sur le vitalisme à cause de son aspect non-scientifique. Nous tombons donc avec le vitalisme dans l'impasse opposée à celle que pose le mécanisme. Ces deux théories ne permettent donc pas d'affirmer que la machine fournit ou pas un modèle pour comprendre le vivant. [...]
[...] La machine peut donc fournir un modèle pour le vivant mais cela pose alors une question d'ordre morale. En effet, la machine permet de comprendre le vivant parce qu'elle peut fonctionner de la même façon, mais cela voudrait dire que toute action du vivant peut être rapportée à une action mécanique. Cela signifierait que le vivant ne serait plus libre d'agir, puisque ses actions seraient programmées. Ce qui signifierait la disparition de notions morales comme la liberté ou la volonté. [...]
[...] En effet, comme on assimile le vivant à une machine, on peut rechercher les causes et les conséquences du dysfonctionnement d'une machine et s'en servir pour diagnostiquer une pathologie organique sur un être humain ou un être vivant en général. Cela pose la question de savoir si on soigne le vivant comme on soigne la machine. La machine et le vivant possèdent donc une même essence physique du vivant, mais la machine ne peut servir de modèle que si elle présente toutes les caractéristiques essentielles du vivant. La machine peut certes ressembler à une forme simplifiée du vivant, mais cette simplification ne doit pas se faire au détriment de certains aspects essentiels, comme la régénération par exemple. [...]
[...] En effet, l'Homme peut contrôler ses semblables comme il contrôle les machines, en gardant les plus fonctionnelles et en détruisant celles qui présentent un dysfonctionnement. L'auteur développe dans son livre une description de ce processus qui a eu des conséquences très néfastes dans l'Histoire de l'humanité, surtout à travers l'eugénisme nazi. Nous voyons donc ici les dérives très dangereuses de l'idée de machine comme modèle pour comprendre le vivant, car ce dernier est interprété comme une simple machine. La machine possède plusieurs ressemblances avec le vivant, mais elle s'en différencie très nettement car le vivant possède des qualités non pas vitalistes mais métaphysiques. [...]
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