L'homme primitif vient d'éliminer son semblable, il lance l'arme du « crime », un os qui, magie du montage, se transforme…en vaisseau spatial. D'un geste, toute la civilisation de l'homme est lancée. De la première extension machinique, l'os, que l'homme par sa faculté de préhension a transformé en outil de chasse, à la dernière, le vaisseau stellaire, qui rempli le même rôle de conquête de la nature, Kubrick a effectué une ellipse de l'histoire de l'humanité. Emportée par la machine, elle glisse vers sa fin, peut être vers sa renaissance, elle a les yeux ouverts (« trop ouverts » pourrait-on dire en parodiant Nietzsche) ; ceux de l'enfant et ceux de l'homo faber primitif. La machine, à la fois émanation et image de la raison, création et représentation de l'homme, ne lui a rien apporté, il est demeuré le même. La boucle de la contingence humaine est bouclée, l'homme est né mort. Dont Acte.
La machine qu'il avait créée l'a-t-elle assassiné ? Pas encore puisque vous lisez ces lignes.
Dans celles ci on verra à quelles idées ou images renvoie la notion de « machine », quelles sont ses finalités avouées (et inavouables), pourquoi la société machinique est paradoxale et si ses paradoxes sont inéluctables. Enfin on s'interrogera sur le rôle de l'image et des images dans ce processus.
[...] L'homme, machine originelle Quelle qu'en soit la raison, l'homme cherche à optimiser ses efforts. Pour ce faire il dispose originellement de ses mains, qui constituent une machine en soi, selon la définition althussérienne que nous en avons donnée précédemment. Cependant, on peut estimer qu'elle fixe le niveau 0 de l'évolution machinique, la base de référence de la technique. En revanche, dès que le primitif a réalisé qu'il pouvait se servir des objets comme extensions organiques, il a pu lancer le processus de libération des taches ingrates ; tout un programme. [...]
[...] La part majeure de l'aliénation machinique est extérieure à la machine. Celle ci n'est qu'un levier spectaculaire dont la poussée première est une autre force, celle de la domination. Y'a t'il un complot organisé par les dominants cyniques Nous n'irons pas jusque là, mais il semble que les intérêts de groupes (à défaut de classes qui paraît-il n'existent plus. Ah bon se soient cristallisés, aient pris corps dans les objets et dans les images qu'ils projettent. Dans la société de consommation, ils sont devenus la norme. [...]
[...] On peut rendre compte par soit même, la conduite n'est généralement pas une promenade mais un temps mort, intermédiaire entre deux points. On peut par projection en imaginer une forme hypertrophiée et pathologique qui entravera le regard de la promenade en rendant la marche utilitaire, et qui in fine entravera tout regard. Asimov, dans la série des Elijah Baley[22], nous décrit un réseau métastatique de tapis roulants, transport en commun futuriste qui aboli presque la marche. Il d'écrit avant l'heure une situation en voit d'actualisation ; on peut en avoir un avant goût dans le métro où nous construisons des flux organisés et directionnels de personnes anonymes. [...]
[...] Il parle d'une production circulaire de l'isolement Selon lui le spectacle, présent dans les objets de consommation renforce constamment la séparation des individus et leur rend impossible toute prise de recul quant à leur position dans le cycle et donc optimise in fine la production de tels objets. L'instrumentalisation du temps libre pose aussi un autre problème, celui de l'instrumentalisation de la culture, de son intégration dans le système économique. La culture naguère réservée à une élite, se démocratise avec la société du loisir mais se marchandise d'autant. Cette transformation déjà envisagée par Nietzsche, devient une réalité vers le milieu du vingtième siècle. [...]
[...] Emportée par la machine, elle glisse vers sa fin, peut être vers sa renaissance, elle a les yeux ouverts trop ouverts pourrait-on dire en parodiant Nietzsche) ; ceux de l'enfant et ceux de l'homo faber primitif. La machine, à la fois émanation et image de la raison, création et représentation de l'homme, ne lui a rien apporté, il est demeuré le même. La boucle de la contingence humaine est bouclée, l'homme est né mort. Dont Acte. La machine qu'il avait créée l'a-t-elle assassiné ? [...]
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