« L'enfer, c'est les autres » : cette citation, tirée de la pièce philosophique Huis clos, de Jean Paul Sartre, paraît au premier abord rendre compte uniquement de la dimension conflictuelle de nos rapports avec autrui. Néanmoins, lorsqu'elle est explicitée, elle rend bien compte de la complexité de nos rapports avec nos semblables.
Car autrui, ce n'est pas un vulgaire «autre», mais c'est aussi un autre «moi», celui qui est différent de moi, mais partage ma condition humaine. Si l'on prend en compte ce postulat de la moralité, puis-je alors considérer autrui uniquement comme un moyen au service de mon intérêt personnel, ou encore comme un adversaire qui fait obstacle à cet intérêt? Ne dois je pas considérer autrui comme une Fin, qui m'apporte une part essentielle de mon humanité?
[...] Que m'apporte autrui ? L'enfer, c'est les autres : cette citation, tirée de la pièce philosophique Huis clos, de Jean Paul Sartre, paraît au premier abord rendre compte uniquement de la dimension conflictuelle de nos rapports avec autrui. Néanmoins, lorsqu'elle est explicitée, elle rend bien compte de la complexité de nos rapports avec nos semblables. Car autrui, ce n'est pas un vulgaire autre mais c'est aussi un autre moi celui qui est différent de moi, mais partage ma condition humaine. [...]
[...] La masse n'est plus alors qu'un moyen au service d'une minorité. Dans un tel contexte, si autrui apporte quelque chose à mon intérêt personnel, c'est parce que je l'y ai forcé. Le rapport avec autrui reste ici purement égoïste et égocentré : je m'apporte quelque chose à moi-même à travers autrui. Le mythe de l'anneau de Gygès illustre bien le peu de cas que nous faisons de l'intérêt d'autrui : nous serions tous dictateurs si nous le pouvions. Une analyse plus utilitariste mais tout aussi matérialiste pourrait nuancer cette vision pessimiste de l'humanité. [...]
[...] Si, d'un point de vue matérialiste, le conflit naturel avec autrui ne peut être dépassé qu'en subordonnant celui-ci à notre intérêt personnel et en ne le considérant que comme un vulgaire moyen, les liens unissant les hommes ne peuvent être réduits à la simple communauté d'intérêts. En effet, nous partageons avec autrui une communauté de nature. En tant que Je être respectable partageant notre condition humaine, autrui est nécessaire à notre salut terrestre, au dépassement de la fatalité et de l'absurdité de la vie humaine. [...]
[...] Plus que d'être souhaitable, la compagnie d'autrui me paraît même nécessaire. Incapable de survivre seul en milieu naturel, l'homme doit trouver les moyens de sa survie au sein d'une communauté. Etant pour Nietzsche le plus faible des animaux la solitude lui est aussi impossible qu'insupportable. Autrui, s'il m'est naturellement opposé, peut aussi contribuer volontairement à mon intérêt personnel, pour peu qu'il y trouve le sien propre. C'est là la base de toute organisation sociale fondée sur le profit. Si elle se trouve vérifiée empiriquement, cette thèse a le défaut d'occulter la partie la plus ardue du problème. [...]
[...] Elle est partagée, ou elle n'est pas. L'histoire du naufragé Robinson, dans Vendredi ou les limbes du pacifique, de Michel Tournier, illustre bien cette réalité. Bien qu'étant en possession de tout un arsenal de produits de fabrication humaine, bien qu'ayant recréé toutes les institutions d'une société humaine (justice et gouvernement), Robinson perd peu à peu son humanité, retombant dans une animalité primaire. Ainsi que dans Huis clos, autrui est le miroir de nous même : dans le roman de Tournier, Robinson finit par adopter la posture et les mœurs des animaux qui l'entourent. [...]
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