Les Lumières désignent ce grand courant politique et culturel qui au 18e siècle a défendu l'idée selon laquelle il était possible de faire sortir l'humanité de son état d'obscurité et d'obéissance aveugle – dû à la misère, à l'oppression et à l'ignorance – grâce au progrès économique, à la liberté politique et à l'éducation, en posant comme but ultime le bien-être de cette humanité. L'autonomie est le premier trait constitutif de la pensée des Lumières. L'enjeu ici est donc de distinguer le rapport entre la notion d'autonomie, c'est-à-dire la capacité à juger par soi-même, la volonté de faire des choix propres, et la notion de savoir. Est-ce que c'est le savoir qui correspond à l'idéal des lumières ou alors plutôt la volonté de s'émanciper ? Quelle notion est la plus importante dans le courant des Lumières : le progrès des sciences et l'accès à une connaissance totale des choses, ou alors l'émancipation réelle de la volonté de l'individu ? Ces concepts ne seraient-ils pas partiellement liés, c'est-à-dire que la connaissance ne pourrait-elle pas être au service de l'autonomie ? De plus, face à la critique des institutions religieuses et du pouvoir en place, ne pourrait-on pas penser que c'est la sortie de cet état de soumission aux pouvoirs établis qui serait le but des penseurs des Lumières ? Pourtant, il ne faut pas négliger les restrictions nécessaires à la libre action de l'homme, en notant que la finalité humaine de nos actes (humanisme) et l'universalité sont deux des autres bases de la pensée des Lumières.
[...] Pourquoi savoir apprendrait-il à penser et à agir par soi-même ? Devant le développement, ou du moins l'approfondissement des sciences à l'époque des Lumières, ne pourrait-on pas croire que, comme nos sciences se sont accrues, nous sommes devenus plus autonomes ? La diffusion de la culture et du savoir pour que l'humanité accède à sa majorité Le Siècle des Lumières est un siècle de développement des sciences. De nombreux progrès dans les connaissances physiques, mais pas seulement, sont réalisés grâce aux travaux de savants tels que Newton. [...]
[...] Les philosophes des Lumières ne voudraient-ils pas trop savoir pour être libres ? II- Emancipation de la volonté de l'individu La mise sous tutelle (Kant) Kant résume l'esprit des Lumières par cette phrase : Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement En effet, les Lumières seraient la sortie de l'homme de sa condition asservissement, de cet état de minorité ou il n'exerce pas sa pensée autonome. Cet état serait celui où l'individu ne pourrait penser que subordonner à la pensée d'un autre. [...]
[...] ne manquerions-nous pas de courage pour vouloir sortir seul de cet état ? Et, même si l'homme souhaitait sortir de cette minorité, le faire seul et rapidement ne serait- il pas très difficile ? En effet, peu d'humains arrivent à penser par eux- mêmes sans l'aide d'une personne extérieure qui, à la manière des philosophes face aux hommes de la caverne chez Platon, les éclairerait sur la voie de l'autonomie intellectuelle. Par contraire, Kant estime qu'un public pourrait sortir seul de l'ombre dans lequel ses membres sont plongés, bien que très lentement, si et seulement si on lui en laisse la liberté. [...]
[...] Mais est-elle la seule ? Transition Kant a voulu que l'homme devienne libre et pense librement : moins on domine l'homme, et plus il est responsable, moins il devient nécessaire de le dominer. Mais ne risque-t-on pas de dériver vers un courant de pensée d'autosuffisance, comme celui symbolisé par Sade, où l'homme qui serait fondamentalement seul et isolé devrait se suffire à lui-même ? III- Les restrictions apportées à la libre action des hommes Devenir autonome implique-t-il de se suffire à soi-même ? [...]
[...] Il pense par lui-même et n'adopte plus bêtement le point de vue d'un autre. C'est par là que la connaissance est la première autonomie conquise (Todorov), puisque c'est celle qui permet de remettre en question par des faits démontrés ce qu'un tiers a voulu nous affirmer. En s'engageant dans la connaissance du monde, l'individu cesse de s'incliner devant les autorités antérieures, il peut choisir librement ses opinions. Mais, par la simple connaissance, l'individu acquiert-il pour autant une vraie autonomie ? [...]
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