La Fontaine, dans la fable Le loup et l'agneau, écrit « La raison du plus fort est toujours la meilleure » : dans la nature, la seule « loi » qui vaille est la loi du plus fort : celui qui a pour lui la force va nécessairement l'emporter, parce que le plus faible ne peut se réclamer d'aucun droit, il n'y a pas de puissance supérieure et légitime pour garantir ses droits, il est voué à rester le plus faible, dominé par le plus fort. Cette loi est donc un rapport régulier et nécessaire entre les animaux : il y a les prédateurs, les forts, et les proies, les faibles, et nul ne peut inverser cette hiérarchie naturelle. Mais qu'en est-il dans la société humaine ? Une telle hiérarchie existe-t-elle ? Certains philosophes ont prétendu que cette même loi du plus fort devait régner, au nom d'une nature considérée comme principe de justice et de bonté, c'est-à-dire au nom d'une idée de la nature considérée comme une norme à suivre : ce qui vient de la nature serait selon eux forcément bon. Pourtant, des contradicteurs, en affirmant une critique virulente du droit de la nature propose une nouvelle conception du droit, fondée sur la raison, appelée le droit naturel.
[...] La justice est une institution humaine et comme telle, contre nature. Certes ce point de vue est commun à tous les sophistes. Mais Calliclès va plus loin : la justice, à ses yeux, n'est pas l'invention de tous les hommes. Les lois ont été instituées par les faibles pour enchaîner les plus forts et entraver leur action. Ils ont fait croire qu'il était injuste de chercher à avoir plus que les autres et ont inventé ainsi l'idée d'une justice comme égalité. [...]
[...] L'obéissance ne doit pas être passive : tout pouvoir politique doit être respecté par devoir, à travers la loi naturelle, et non par contrainte à travers la loi de nature qui amène à une conception du droit naturel La conception rousseauiste de la loi naturelle (Discours sur l'origine de l'inégalité ) Connaissant si peu la nature et s'accordant si mal sur le sens du mot loi, il serait bien difficile de convenir d'une bonne définition de la loi naturelle. Rousseau critique les définitions que ses prédécesseurs ont données de la loi naturelle. Leurs définitions sont établies de façon arbitraire, elles sont incompréhensibles et contradictoires entre elles. La critique de Rousseau s'applique aux jurisconsultes romains et aux philosophes modernes. [...]
[...] Si l'autorité politique a une force, elle ne peut la tirer que du droit, et non l'inverse. Dès lors, il faut penser un droit non pas fondé sur la nature, mais sur la raison, un droit naturel, immanent de l'homme, permettant la sécurité (Hobbes) ou la liberté (Rousseau). Le droit positif établi dans ces conceptions modernes permet l'accomplissement des droits naturels sous forme civile, pour instituer une certaine forme de légitimité. Une question demeure pourtant : quelles sont les instances capables de statuer sur cette légitimité ? [...]
[...] Elle s'adresse à tout homme, et pas seulement à une élite intellectuelle. Si je suis obligé de ne faire aucun mal à mon semblable, c'est moins parce qu'il est un être raisonnable que parce qu'il est un être sensible. Si on prend l'exemple d'un petit enfant, on remarquera la pertinence de la réflexion de Rousseau. Ayant lui-même l'expérience de la douleur physique, un enfant peut comprendre facilement qu'il ne faut pas faire de mal de mal à quelqu'un, car c'est le faire souffrir de son corps. [...]
[...] Comme chez Rousseau, la légitimité est immédiatement perceptible, principe transcendant, instinct divin, immortel et céleste voix qu'est la conscience morale, principe inné de justice et de vertu. Mais quelle est la force de cette petite voix si vite couverte par d'autres, telle que le fanatisme ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture