Le terme de loisir vient du latin licet (licere) : il est permis. C'est la permission de faire ce que l'on veut. Ce qui génère le loisir, c'est la fin d'un temps de contrainte ou d'obligation.
Dans une définition donnée dans l'ouvrage Loisir et culture paru en 1966, les auteurs, Joffre Dumazedier et Aline Riperte, ont défini les loisirs comme manifestant quatre caractères essentiels : libératoire gratuit, hédonistique et personnel. L'allongement de l'espérance de vie, l'abaissement de l'âge de la retraite, la réduction du temps de travail et l'entrée de plus en plus tardive sur le marché du travail tout comme le développement du chômage font de la question des usages du temps libre un enjeu majeur de la société d'aujourd'hui.
Les Français, à l'échelle d'une vie, disposent de trois fois plus de temps libre qu'au début du siècle (...)
[...] La fréquentation des équipements culturels (bibliothèques, cinémas, lieux de spectacles, lieux d'exposition et lieux de patrimoine) demeure dans la majorité des cas exceptionnelle, tandis qu'une minorité cumule toutes les formes de participation à la vie culturelle. Par ailleurs, près de quatre Français sur dix pratiquent en amateur une activité artistique. Les résultats de ces enquêtes soulignent également de fortes disparités entre les milieux sociaux, les niveaux d'urbanisation et les catégories d'âge, difficiles à analyser de façon fine. Ainsi, l'ampleur des écarts entre les catégories socioprofessionnelles renvoie à différents facteurs : différence d'origine sociale, de lieu d'habitat, de revenu, de diplôme, cette dernière, avec l'âge, constituant la variante la plus discriminante dans le domaine culturel. [...]
[...] Après la guerre, les comités d'entreprise continuent sur cette lancée. Disposant de budgets importants, ils offrent à leurs salariés des vacances et des week-ends ressemblant à ceux des riches La conception des loisirs change : les slogans de la conquête de la culture sont remplacés par ceux de la conquête du confort. Les services hôteliers se mettent à proposer des prix abordables, la concurrence se développe et un marché des loisirs spécifiques aux classes moyennes se met en place. Parallèlemen,t les salariés deviennent de plus en plus exigeants et le modèle des loisirs est poussé vers le haut. [...]
[...] Les loisirs apparaissent essentiellement comme la conquête d'un espace que l'on utilise autrement que les riches : la mode, le snobisme en sont exclus. Les garçons et les filles qui, dans les années trente, vont dormir sous la tente, sont aussi les précurseurs du féminisme. Les femmes y sont traitées sur un pied d'égalité. Le loisir est alors un espace de débat et le temps de loisir, pour la jeunesse militante, c'est tout ce domaine anticonformiste, anti-bourgeois gratuit, où la camaraderie internationale sert de point de ralliement. Les grèves de 1936 donnent une nouvelle légitimité à ce mouvement. [...]
[...] Le temps libre, nouvelle formule des loisirs, signifie de plus en plus le rejet de toute contrainte. Ni les événements de mai 68, ni l'introduction de l'éducation permanente n'inverseront cette tendance. Au contraire, la loi de 1971 sur la formation continue a donné l'impression aux salariés qu'en prenant les congés auxquels ils avaient droit pour se former, ils faisaient une concession aux exigences patronales UNE CIVILISATION DES LOISIRS MARQUÉE PAR LA LOGIQUE DU TRAVAIL La notion de civilisation des loisirs a accompagné tant la massification du temps libre que son entrée dans la sphère marchande. [...]
[...] Les idéaux des fondateurs de l'éducation populaire sont ainsi bien loin. Le temps libre devait à leurs yeux être l'occasion pour les citoyens d'avoir des activités civiques et politiques, d'améliorer ses connaissances et de s'élever culturellement, alors que ce sont les activités ludiques, sportives ou culturelles qui sont aujourd'hui le plus recherchées. Par ailleurs, la loi sur les 35 heures ou les conventions sur les préretraites reposent sur l'idée que tout citoyen augmentant son temps libre rend service aux chômeurs et aux pauvres : le plaisir qu'il accepte de prendre relèverait ainsi de la solidarité. [...]
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