Rousseau est un des théoriciens contractualistes des Lumières. On assimile souvent sa pensée au concept de la volonté générale. Mais qu'est-ce que la volonté générale ? Ce n'est ni la décision de la majorité, ni de l'unanimité. De nombreux auteurs et hommes politiques se sont fait le relais des idées de Rousseau pour légitimer leur action, allant jusqu'à les déformer. Par exemple, Raymond Carré de Malberg a dénoncé l'instrumentalisation de la loi, présentée comme l'expression de la volonté générale pendant la IIIe République, ce qui a fondé le légicentrisme : la puissance du Parlement au détriment du pouvoir exécutif. Pourtant, la souveraineté, selon Rousseau, ne se représente pas : le peuple est en mesure de se gouverner directement. Cet exemple est révélateur de l'instrumentalisation de la pensée de Rousseau, et de la nécessité d'étudier le texte à la source. Dans le Contrat social, Rousseau entend donner un fondement légitime à l'exercice du pouvoir au sein d'un corps politique constitué sur la raison. Le Contrat Social dresse également une critique de la société contemporaine de Rousseau, où l'homme serait mal gouverné (le livre fait ainsi référence au Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). Selon Rousseau, la loi doit garantir la liberté civile et être votée par le peuple souverain. Rousseau consacre à ce sujet le chapitre VI du livre II. Le chapitre VII, toujours en rapport avec la loi, concerne les fonctions du législateur.
Comment Rousseau conçoit-il la loi ?
[...] Les rôles du législateur et de la religion civile : faire émerger la volonté générale Le législateur, guide du peuple Rousseau consacre le chapitre VII du livre II au législateur. Le législateur joue un rôle de médiateur dans la formation de la loi. Comment une somme de volonté particulière peut-elle s'unir en une volonté réellement générale ? L'amour-propre peut altérer le jugement du citoyen, qui n'est alors plus en mesure de porter un jugement sur son propre intérêt. L'amour-propre fait préférer à chaque citoyen son intérêt apparent à son intérêt bien entendu, qui relève de sa raison. [...]
[...] Ainsi, la religion civile est ce qui en dernier ressort permet à l'édifice législatif de Rousseau de fonctionner : la religion civile doit permettre de graver dans le cœur des citoyens la nécessité de l'émergence de la volonté générale. En conclusion, la loi joue chez Rousseau un rôle majeur. Rousseau a une vision très émancipatrice de la loi, qui permet l'expression de la souveraineté populaire qui ne peut être aliénée aux citoyens. Idéalement, la loi doit traduire la volonté générale, c'est-à-dire la volonté de tous les hommes quand ils raisonnent. [...]
[...] Il importe bien à l'Etat que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses devoirs Pour Rousseau, la religion se divise en plusieurs espèces. La religion de l'homme est bornée au culte intérieur d'un dieu suprême : il s'agit du christianisme de l'évangile, qui n'existe plus selon Rousseau. La religion du citoyen au culte extérieur prescrit par les lois, elle fait de la patrie l'objet d'adoration des citoyens. Mais il est selon Rousseau impossible de la ressusciter suite à l'influence du christianisme. [...]
[...] Rousseau précise d'emblée que toute loi que le peuple n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi Le modèle d'organisation politique que propose Rousseau est holiste : la loi, expression de la volonté générale, est coercitive. Chaque citoyen a le devoir de se soumettre à la volonté générale, qui doit être imposée sur les citoyens qui refuseraient de l'appliquer. Au chapitre VI, Rousseau met explicitement en avant le rôle de la loi. Il part tout d'abord du constat que la justice vient de Dieu, mais que les hommes ne savent pas la recevoir. [...]
[...] En fait, la religion sur laquelle se fonde Rousseau est ce qu'il appelle la religion civile La religion civile : ciment du politique Rousseau consacre le dernier chapitre du Contrat social à la religion civile. Selon Rousseau, la difficulté essentielle de la politique, et de l'autorité durable du législateur est : comment conforter dans le cœur des citoyens le sentiment d'obligation sans lequel il ne peut y avoir de lien social ? Pour Rousseau, pour que les lois expriment durablement la volonté générale des citoyens, le sentiment d'obligation entre chacun a besoin d'être stimulé. [...]
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