S'interroger sur la logique de Leibniz, c'est s'interroger sur des rapports d'influence. Héritier de la syllogistique d'Aristote, et considéré comme précurseur de la logique moderne, Leibniz bénéficie d'un statut important quoique teinté d'ambigüité. De part sa position charnière, il nous force à revenir sur l'histoire de la logique et sur ses différentes évolutions. Car si les logiciens modernes voient en lui un pionner, voire même « le créateur de la logistique » et « le père de la logique symbolique » , lui-même admet son admiration pour Aristote et le prend comme point de départ de ses travaux. Son projet ne s'inscrit pas dans la rupture mais dans une certaine forme de continuité entre la logique ancienne et la logique moderne allant de l'arte combinatoria au calculus ratiocinator, et ayant toujours pour but de montrer, en vertu du principe de raison, que tout dans le monde doit être intelligible et démontrable logiquement, même Dieu. Comment Leibniz parvient-il à s'inspirer d'Aristote tout en donnant des bases à la logique moderne ? Et si legs il y a, de quoi est-il constitué ? Nous verrons de quelle manière Leibniz, approuve et adopte la logique scolastique tout en la complétant, tout en façonnant son propre projet. Mais ce qui sera plus intéressant encore, c'est de voir comment ses héritiers se sont à leur tour emparés de son héritage. Le sujet nous impose de réfléchir au tournant décisif que représente la caractéristique universelle et à ce qu'est devenu son projet au fil des années, au gré des diverses modifications opérées tant par ses successeurs directs comme Wolff, ou plus éloignés à l'image de Bolzano. L'enjeu serait de découvrir ce qui dans le projet de Leibniz a pu inspirer des successeurs tels que les représentants du Cercle de Vienne et quels sont les points communs notamment au niveau de la méthode analytique. Mais nous devrons aussi mettre en avant les limites à la comparaison et ne pas tenter de reconstituer une paternité a posteriori. Car si l'on peut avec justesse reconnaître des points communs entre la construction logique du monde et l'alphabet des pensées humaines, on ne peut pas nier que les projets, en particulier en ce qui concerne la métaphysique, sont différents. Peut-être y-a-t'il un enjeu plus important encore qui serait de découvrir à quels sacrifices il faut consentir pour parvenir à l'avènement de la logique moderne. Le cas de Russell sera de ce point de vue particulièrement instructif : comment faire aboutir la caractéristique sans renoncer à certains principes, en particulier le principe des relations internes ? Si les idées de Leibniz ont pu traverser les siècles, jusqu'à l'atomisme logique de Russell, c'est probablement parce que son projet de caractéristique universelle, et d'Encyclopédie était si fascinant et si ambitieux que les commentateurs se sont attelés à sa réussite quel qu'en soit son prix. Finalement, son héritage consiste en un ensemble de problèmes à résoudre et en un projet à faire aboutir. Pour rendre compte de ces différentes transformations et courants d'influences avec clarté, nous procéderons chronologiquement, la structure même du plan révélant la position intermédiaire de Leibniz.
[...] Pour cela et pour rendre justice à Leibniz, nous devrons distinguer l'idée de sa réalisation. De même, nous devrons prêter attention à séparer la méthode et les grandes lignes sur lesquelles elle repose, du projet dans sa globalité. Enfin, la dernière précaution à prendre consiste à distinguer ses travaux en logique symbolique (à travers la langue caractéristique universelle), de ses avancées en logique mathématique (à travers le calculus ratiocinator), et donc à séparer les domaines d'application. C'est avec ces objectifs que nous débutons le développement de la seconde partie. [...]
[...] Pour comprendre la généalogie du projet de Leibniz, et parce que lui-même est désireux d'afficher une certaine continuité, nous devons faire un détour par les auteurs qu'il a étudiés. Nous pourrions parler de Platon, de Lulle, de Pierre d'Espagne, d'Hospinianus, ou encore de Jungius, car ils l'ont influencé et que ces noms sont régulièrement cités dans ses écrits, mais en ce qui concerne notre sujet, à savoir l'étude de la logique classique, Aristote demeure le plus important, sa syllogistique constitue d'ailleurs le point de départ de nombreuses réflexions. [...]
[...] La logique de Leibniz; Héritier et précurseur, une histoire d'influences en se croyant indépendant, il a été sans cesse à la merci des influences Sainte-Beuve. S'interroger sur la logique de Leibniz, c'est s'interroger sur des rapports d'influence. Héritier de la syllogistique d'Aristote, et considéré comme précurseur de la logique moderne, Leibniz bénéficie d'un statut important, quoique teinté d'ambigüité. De par sa position charnière, il nous force à revenir sur l'histoire de la logique et sur ses différentes évolutions. Car si les logiciens modernes voient en lui un pionnier, voire même le créateur de la logistique et le père de la logique symbolique lui-même admet son admiration pour Aristote et le prend comme point de départ de ses travaux. [...]
[...] La totalité de l'ouvrage a été traduite en français par Georges Auclair sous le titre Histoire de mes idées philosophiques, Tel Gallimard La Philosophie de Leibniz, un exposé critique, Vrin Carnap La Construction logique du monde, Vrin Scholz, Esquisse d'une histoire de la logique, Aubier Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, GF-Flammarion livre IV, chapitre xvii Ibid. Ibid. Ibid. Leibniz à Arnauld, lettre du 14 juillet 1686. Couturat, La Logique de Leibniz, Félix Alcan Éditeur p Couturat, La Logique de Leibniz, op. cit., p. 49-50. Couturat, La Logique de Leibniz, op. [...]
[...] Frege choisit de rompre avec cette approche, au lieu d'une logique des concepts, il propose de partir des propositions pour extraire les concepts qui y sont renfermés. Sa conviction est la suivante : je crois que le remplacement des concepts sujet et prédicat par argument et fonction fera ses preuves à la longue Qu'impliquent ces changements ? Frege importe en logique des concepts mathématiques, la fonction est une expression qui contient une inconnue (soit elle est donc ambiguë : «L'essence de la fonction réside par conséquent dans la partie de l'expression qui est présente en dehors de x L'expression d'une fonction est de devoir être complétée, insaturée. [...]
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