Le mot réalité (du latin res, la chose) désigne le caractère de ce qui existe, par opposition à tout ce qui est imaginé ou rêvé. La représentation de la réalité a toujours été l'une des premières préoccupations de la littérature. Dans Mimésis, chef-d'œuvre d'Erich Auerbach, on part de la Genèse, en passant par Flaubert et Zola entre autres, pour arriver à Virginia Woolf : il identifie la quête de la réalité comme fil conducteur dans l'histoire littéraire de l'occident.
[...] Les réalistes ont voulu rompre avec la tradition romantique qui avait mis l'accent sur les émotions et l'esthétique, au détriment des réalités sociopolitiques du moment. Pour les romantiques, comme Leconte de Lisle et Baudelaire, la réalité n'appartenait pas au domaine de l'art. Comme l'écrivit ce dernier : Qui oserait donner à l'art la fonction stérile d'imiter le monde ? Pour lui, le but de la littérature était de déformer la réalité et de la perfectionner ; tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. [...]
[...] ce n'est pas vrai, c'est fantastique de description : c'est comme la Rue Soli de Balzac. Le passage est plat, banal, laid, surtout étroit, mais il n'a pas toute cette noirceur et ces teintes à la Rembrandt que vous lui prêtez : c'est là aussi une manière d'être infidèle. Zola a tendance à glisser très souvent vers le symbolique et le fantastique ; l'alambic dans L'Assommoir, la mine de Germinal et la locomotive dans La Bête Humaine deviennent des véritables mythes narratifs. [...]
[...] Stendhal était l'un les premiers écrivains de se détourner de ce modèle artistique. Il écrit que le roman, c'est un miroir que l'on promène le long d'un chemin. Par conséquent, ses romans se constituent en des transcriptions précises des moments historiques. On voit dans son œuvre une préoccupation accrue envers le détail et la description de la vie quotidienne qui n'existait guère dans la poésie de Baudelaire ou Lamartine. Flaubert s'inscrit dans la continuité de cette tradition, notamment avec Madame Bovary. [...]
[...] Pendant les années vingt, une nouvelle sensibilité littéraire se dessinait dans le sillage de Freud. Les surréalistes voulaient encourager une nouvelle approche à la réalité en intégrant les éléments typiquement considérés comme irréels, notamment l'inconscience et les rêves. Pour écrire la vérité, il faut abandonner le rationalisme et écrire spontanément, d'où la pratique controversée de l'écriture automatique, qui est complètement à l'opposé des pratiques réalistes et naturalistes. Tout cela nous laisse conclure que la réalité est un terme qui échappe les définitions précises et conclusives. [...]
[...] On peut considérer le naturalisme comme la suite logique du réalisme. Il s'intéresse moins à la bourgeoisie et plus aux bas-fonds de la société : on rencontre souvent des prostituées, des alcooliques et des violeurs dans un roman de Zola. Le naturalisme fait donc des efforts sans précédent de ne rien exclure de la représentation littéraire du monde. En plus, l'école naturaliste exige que l'écrivain applique une méthode strictement objective (présentée dans le Roman expérimental de Zola) qui se rapproche de celle mise en œuvre par les sciences naturelles. [...]
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