Cet aspect combinatoire n'existe pas chez les animaux, incapables de produire de nouveaux messages en combinant des extraits de ceux dont ils disposent. Comme chaque langue utilise un nombre restreint de phonèmes (quelques dizaines) pour composer un nombre potentiellement infini de messages, le système est particulièrement économique et performant (...)
[...] Quant à la double articulation, elle désigne le fait qu'un message est décomposable en monèmes (unités dotées d'une forme sonore et d'un sens) et en phonèmes (unités minimales d'articulation dénuées de sens): «parlons» est ainsi constitué de deux monèmes (parl/ons ce dernier signalant que l'action évoquée par le premier est accomplie par une ou plusieurs personnes) et de cinq phonèmes (p/a/r/l/ons puisque je peux articuler, sans me soucier d'un sens : darlons, pirlons, paflons, etc.). Cet aspect combinatoire n'existe pas chez les animaux, incapables de produire de nouveaux messages en combinant des extraits de ceux dont ils disposent. [...]
[...] L'affirmer, comme le fait Cratyle, c'est en un sens garantir que la langue coïncide avec le monde et en constitue une première connaissance. Le nier, comme Hermogène, c'est admettre à la façon de la linguistique que le signe linguistique est arbitraire, qu'il n'est lié par aucune analogie à ce qu'il désigne. La diversité des langues le confirme: le quadrupède que je nomme «chien» est dit, ailleurs, Le langage instaure un univers symbolique qui évoque le monde en son absence, mais ne lui ressemble pas. [...]
[...] Réfléchissant sur la formation progressive des langues, Rousseau constate que les vocabulaires initiaux devaient être plus importants que les nôtres : incapable de faire abstraction des qualités sensibles caractérisant, pour la perception, chaque objet, l'esprit ne pouvait mettre au point que des noms propres; ce n'est que peu à peu que la raison élabore des concepts généraux, qui négligent les apparences immédiates et suscitent des noms communs .Une fois ce travail effectué, ma relation au monde, les objets que j'y peux repérer, dépendent de la richesse de mon vocabulaire: le langage instaure un découpage initial de ce qui m'environne. C'est pourquoi les vocabulaires scientifiques croissent en fonction des découvertes. Tout phénomène nouveau suscite un nouveau mot (pour classer les espèces vivantes, il faut aujourd'hui plusieurs millions de termes). Langage et pouvoir En distinguant la langue (institution) et la parole (performance individuelle), on met en place une relation variable entre l'individu et l'ensemble social. [...]
[...] différents niveaux de maîtrise de la langue renvoient ainsi à des différences sociales. «Mieux» parler que l'interlocuteur, c'est manifester une supériorité et celle-ci peut provenir de l'usage d'un langage aussi bien «secret» (cas du sorcier ou de l'initié) que spécialisé (cas du scientifique). La culture commune s'indique par la compréhension partagée des allusions et connotations propres à certains écrivains (qui enrichissent la langue en la travaillant comme un matériau). Platon déplorait que la rhétorique aboutisse davantage à persuader l'auditeur qu'à se soucier de la vérité (Sophiste).Le langage de la séduction ou de la flatterie peut confirmer un pouvoir injustement acquis (cas du démagogue).Dans la mesure où, assurant la communication dans un groupe social, ses formes peuvent véhiculer n'importe quel contenu, le libre usage de la langue présente une dimension éminemment politique. [...]
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