Liens entre poésie et monde réel, langage poétique, inspiration divine, Orphée, art divin, poésie engagée, Victor Hugo, critique de la société, Alfred de Musset, Alphonse de Lamartine, Charles Baudelaire
Jean Cocteau, dans son film "Le Testament d'Orphée", donne cette définition du langage poétique : "Le poète, en composant des poèmes, use d'une langue ni vivante, ni morte, que peu de personnes parlent, que peu de personnes entendent". La poésie serait de fait un domaine inaccessible pour la plupart des hommes. Elle se détache de l'échelle humaine, puisque les notions de vie ou de mort ne s'appliquent pas sur elle, ce qui lui donne un aspect surnaturel, divin. Depuis l'Antiquité, la poésie est incessamment qualifiée d'inspiration divine : le premier poète, Orphée, aurait reçu sa lyre du dieu de la musique Apollon. C'est donc d'une divinité qu'il a reçu l'instrument de son art.
Si la poésie est un art divin, autant au sens étymologique (du grec "poïeïn", créer, le poète est un créateur) qu'au sens légendaire, elle devrait se distinguer du monde réel, or une relation est perceptible entre ces deux entités. Ainsi, nous nous demanderons dans quelle mesure la poésie est en lien avec le monde réel. Nous nous attacherons tout d'abord à montrer que la poésie est profondément liée au monde réel et aux sentiments inspirés par celui-ci (I), puis nous ferons apparaître le fait qu'elle constitue dans certains cas un monde à part, élitiste (II).
[...] Dès lors, la poésie est porteuse de rêverie, c'est une échappatoire au monde réel. C'est à partir de ce dernier qu'on peut créer un monde nouveau. C'est ce qu'illustre par exemple Saint-John Perse dans son poème Le Mur puisqu'à partir du simple contact de sa langue sur sa gencive, il imagine un monde nouveau, mêlé de souvenirs exotiques et de rêve. La sensualité est omniprésente dans le poème, notamment à travers le jeu de synesthésies comme l'acide bonheur d'une substance noire Le mouvement surréaliste est aussi une illustration intéressante de cette tendance. [...]
[...] Dans Les Contemplations, il donne à entendre la voix de catégories en marge de la société, comme les enfants travaillant dans les usines dans notamment dans ces célèbres vers : semblent dire à Dieu : Petit comme nous sommes,/Notre père, voyez ce que nous font les hommes La ponctuation forte, les rimes significatives, telles enfant/étouffant et le registre pathétique du poème émeuvent le lecteur, et le persuadent du caractère révoltant du travail des enfants, vice notoire de la société du XIXe siècle. La poésie permet donc d'agir sur le monde réel. [...]
[...] Quels sont les liens de la poésie avec le monde réel ? Jean Cocteau, dans son film Le Testament d'Orphée, donne cette définition du langage poétique : poète, en composant des poèmes, use d'une langue ni vivante, ni morte, que peu de personnes parlent, que peu de personnes entendent. » La poésie serait de fait un domaine inaccessible pour la plupart des Hommes. Elle se détache de l'échelle humaine, puisque les notions de vie ou de mort ne s'appliquent pas sur elle, ce qui lui donne un aspect surnaturel, divin. [...]
[...] La poésie constitue donc une échappatoire au monde réel. La poésie peut enfin être considérée comme un art totalement distinct du monde réel, qui échappe à sa signification. C'est ce que théorisent les poètes du mouvement de L'Art pour l'Art, initié par Théophile Gautier, qui affirme : Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien. Tout ce qui est utile est laid De fait, l'utile est réel, il s'inscrit dans le déterminisme du monde, plein de vices auxquels le poète est confronté. [...]
[...] Ainsi, la poésie est, pour certains poètes, un art complètement distinct du monde réel. La poésie est donc très étroitement liée au monde réel, à travers la poésie engagée, et les sentiments tels l'amour en particulier que celui-ci inspire, redéfinissant parfois la notion même de réalité du monde. Cependant, la poésie peut se présenter dans certains cas comme un monde à part, ou tout du moins comme un moyen d'en atteindre un, par la capacité de certains poèmes à déchiffrer un monde idéal ou à constituer une échappatoire au monde réel, voire en se distinguant nettement et délibérément de celui-ci. [...]
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