Dissertation de Philosophie de khâgne (2e année de classe préparatoire littéraire) ayant pour thème liberté : "Être libre, est-ce pouvoir choisir ?".
[...] Schopenhauer, lui, pose le problème, et le formule comme suit : Peux-tu aussi vouloir ce que tu veux ? Pour répondre à cette question essentielle, il convient de remonter à la base du mécanisme du choix : ainsi on saura si la volonté est déterminée par quelque motif ou si, au moment où nous prenons conscience de ce motif, elle conserve sa liberté de vouloir ou de ne pas vouloir. Effectuons un trajet à rebours du mécanisme du choix : la volonté précède l'action, et le motif précède la volonté. [...]
[...] L'une des questions qu'il nous faudra résoudre est la suivante : nier que l'homme puisse choisir, est-ce nier la liberté ? La réponse n'est affirmative que si l'on considère la liberté de la volonté comme seule liberté humaine ; elle ne l'est plus si l'on tente une redéfinition de la liberté qui soit prendrait en compte le pouvoir de choix, mais le décréterait insuffisant, soit nierait ce pouvoir, et ferait donc résider ailleurs la liberté humaine. Aussi convient-il de déterminer la part exacte du choix dans la liberté humaine. [...]
[...] Elle consiste en ce que l'homme peut soumettre à son esprit les différents motifs qui le poussent dans des directions opposées, et dont un seul déterminera la volonté. Toutefois, ce mécanisme qui semble la base de la liberté de la volonté est, pour Schopenhauer, la preuve même de son inexistence : en effet, la délibération ne fait que peser les différents motifs, jusqu'à ce que le motif le plus fort oblige les autres à lui céder la place et détermine seul la volonté : ainsi, l'issue du conflit des motifs, la résolution, est aussi nécessaire que si la délibération n'avait pas eu lieu ; l'homme a simplement le pouvoir de prendre conscience des autres motifs, pouvoir qui justifie l'illusion de liberté qu'il entretient, mais leur choix ne dépend pas de lui. [...]
[...] Toutefois, on a remarqué le parallèle possible au moment de l'acte entre la philosophie de Sartre (basée sur la liberté) et celle de Schopenhauer (basée sur le principe de causalité). Le projet sartrien, fondement de la liberté humaine, pourrait-il alors être confondu avec une sorte de "destin" ? Oui, en un sens, puisque je suis condamné à exister pour toujours par delà les mobiles et les motifs de mon acte : je suis condamné à être libre (l'Être et le Néant, 4e part, chap. [...]
[...] Le motif ne se fait donc motif que par mon projet, c'est-à-dire par ma liberté. Cependant, si Schopenhauer affirme que, connaissant parfaitement les motifs agissant sur une personne et le caractère de cette personne, on pourrait savoir à l'avance quels seraient ses actes, la théorie de Sartre, dont le fondement est pourtant la liberté, ne saurait nier cette affirmation, puisque le poids des motifs est déterminé par le projet bien avant la délibération et que par suite, il l'écrit lui-même, quand je délibère, les jeux sont faits Reprenons pour illustrer cette proposition l'exemple de la femme à la fin de sa journée de travail, qui pense pouvoir sortir ou même s'enfuir, et qui pense faire tout aussi librement le choix de rentrer chez elle auprès de son mari. [...]
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