Le libertin est en premier lieu un libertin de pensée ou d'esprit et non un libertin de mœurs, contrairement au sens commun. En effet, le libertin est d'abord celui qui appartient au courant de pensée du libertinage né au 17e siècle et qui revendique une plus grande liberté de pensée et d'expression. La voie étant ouverte par les libertins de pensée, les libertins de mœurs vont aller plus loin encore en mettant en application les principes libertins à travers une pratique effrénée des plaisirs dans le refus de se soumettre aux règles au profit d'une légèreté. Le mode de vie libertin se développe ainsi aux 17e et 18e siècles, mais non sans contestation.
[...] Ce courant de pensée, né en Italie, remet en question la science s'appuyant sur les enseignements de la physique d'Aristote figée par les dogmes. Il s'agit de remettre en cause une science livresque fondée sur le principe d'autorité, même si pour cela il faut bouleverser la hiérarchie et la religion. Une réflexion naît sur les rapports entre foi et raison. Les découvertes scientifiques ébranlent le dogme de l'univers chrétien en mettant en contradiction le fait scientifique et le dogme religieux. [...]
[...] Le libertin pose le concept de la liberté au-dessus de tout. Cette revendication de la liberté sera reprise dans les grands combats pour les droits de l'homme et du citoyen, et en particulier pour le droit à la liberté. Le libertin influence également le Siècle des Lumières et la pensée scientifique moderne à travers la notion de raison critique. Il est important de prendre en compte aussi bien le caractère intellectuel que le caractère licencieux du libertin, qui est avant tout un symbole de la liberté, et ne pas seulement considérer la légende du libertin immoral ne cherchant que son propre plaisir, diffusé par l'Église chrétienne. [...]
[...] Le libertin est, à l'origine, celui qui remet en cause les dogmes établis, c'est-à-dire un libre penseur dans la mesure où il est affranchi. Le qualificatif de libertin apparaît en France au 16e siècle pour désigner une secte qui développe des croyances liées à la nature et au matérialisme. C'est pourquoi le libertin est matérialiste, il répond dès lors aux lois de la matière. Cependant, le libertin est plutôt athée, il refuse la notion de créateur et estime qu'il faut chercher à comprendre le monde par la raison. C'est ce qui débouche au 18e siècle sur la notion de raison critique en philosophie. [...]
[...] Le libertin s'écarte des dogmes de l'Église chrétienne et affiche une certaine liberté de croyance, de pensée et d'expression. Il revendique le droit à la réflexion indépendante et méprise le fanatisme et tout esprit de système. Le libertin est donc, à l'origine, un penseur qui peut être philosophe, savant, érudit ou esprit curieux et ouvert qui désire voir régner une plus grande liberté de pensée, notamment en matière de religion. Parmi les grands représentants du libertinage savant, on peut citer Gassendi, a l'origine du gassendisme, La Mothe, Gabriel Naudé, Le Vayer ou Cyrano de Bergerac. [...]
[...] Don Juan représente au fil du temps et des réécritures de son histoire le personnage littéraire qui incarne le mieux le libertinage de mœurs, même s'il est également un libre penseur qui ne croit pas en Dieu. C'est à cause des excès des libertins de mœurs que le courant libertin va être discrédité et que la contestation se fait de plus en plus vive. III. La remise en cause du libertin Le libertin comme symbole de la liberté est d'abord contesté par le fait que le libertin de mœurs diffuse une image dégradée de la liberté. [...]
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