Pour la liberté, le temps est-il un obstacle ?

Résumé du document

Pour Bergson, dans son « Essai sur les données immédiates de la conscience », « toutes les discussions entre les déterministes et leurs adversaires impliquent une confusion préalable de la durée avec l'étendue, de la succession avec la simultanéité, de la qualité avec la quantité : une fois la confusion dissipée, on verrait peut-être s'évanouir les objections élevées contre la liberté (…) et, en un certain sens, le problème de la liberté lui-même.
Ainsi, la question de la liberté serait en quelque sorte mal posée, puisque reposant sur une définition erronée du temps. Il deviendrait donc impossible de penser ce dernier comme un obstacle, ou même comme une nécessité pour un acte libre, car sa véritable nature ne serait pas révélée.
De même, il nous serait alors visible que les différentes réponses à la question de savoir si le temps représente un obstacle pour la liberté ou est au contraire nécessaire à sa réalisation proviennent des différences d'interprétation de chacun quant au temps.

Extraits

[...] Mais il reste à dire qu'il est important de considérer la liberté par rapport au temps puisque, celui-ci étant irréversible, il faut nécessairement profiter de chaque instant pour se rapprocher de la liberté, si chère à chaque homme. [...]

[...] De même, il nous serait alors visible que les différentes réponses à la question de savoir si le temps représente un obstacle pour la liberté ou est au contraire nécessaire à sa réalisation proviennent des différences d'interprétation de chacun quant au temps. Il faut ainsi s'interroger sur ce qu'est en réalité le temps pour répondre à la question posée, et constater ainsi que si l'être, en tant que son existence est déterminée dans le temps, est soumis à la causalité de déterminations antérieures, ce qui supprimerait la notion de liberté le temps serait cependant nécessaire pour obtenir une liberté mieux réalisée objectivée étape par étape et enfin que lorsque les moments de la durée réelle seraient vus par une conscience attentive, l'idée de détermination nécessaire perdrait sa signification (III). [...]

[...] III Ainsi, l'on a pu constater que le temps, loin d'être un obstacle pour la liberté, était nécessaire à sa réalisation. Mais il convient d'examiner un dernier point de vue, celui de Bergson qui, s'appuyant sur sa vision personnelle du temps et de la durée, définit d'une manière différente la liberté, et indique que le temps n'est pas un obstacle à sa réalisation. En effet, pour Bergson, les difficultés que rencontre le problème de la liberté proviennent d'une confusion de la durée et de l'étendue, de la succession avec la simultanéité, de la qualité avec la quantité. [...]

[...] En d'autres termes, il n'y aurait pas de liberté transcendantale conçue comme indépendante à l'égard de tout élément résultant de l'expérience, et le temps serait bien un obstacle pour la liberté, puisque l'homme ne serait pas spontanément la cause entière de ses actes. II Mais si le temps peut paraître être un obstacle à la liberté en tant qu'il impose au sujet des déterminations antérieures, il semble qu'il puisse au contraire être nécessaire à la réalisation de cette même liberté. [...]

[...] Mais cette nouvelle définition de la liberté, conjuguant l'irréversibilité de la durée et également le Moi comme totalité vivante et créatrice nous montre bien que le temps n'est pas une entrave à la liberté. A la question de savoir si, pour la liberté, le temps était un obstacle, il est désormais possible de répondre que non après avoir vu que, même s'il pouvait le permettre puisqu'il apportait des causalités psychologiques antérieures, il était au contraire le facteur permettant à la liberté de se réaliser, en tant que celle-ci nécessiterait un processus pour devenir de plus en plus identique à son propre concept, et que, perçu par une conscience attentive, les moments de la durée se révélaient être hétérogènes, ce qui supprimait l'idée de causalité antérieure, puisque chaque état psychologique ne pouvait s'exprimer par une loi au rapport au précédent. [...]