Il s'agira, dès lors, de montrer que, si la Justice est une entrave nécessaire à la Liberté (1), sa responsabilité est cependant de demeurer au service de son épanouissement (2), afin d'en conclure à la fois à la nécessité et à la légitimité d'une limite de la Liberté par la Justice.
[...] * L'Histoire nous apprend ainsi un certain relativisme : d'une part, si la Justice semble indéniablement nécessaire à la Liberté, rien n'oblige les Lois de l'Etat à tirer toutes les conséquences de la Loi morale, et d'autre part, si cette dernière se fonde certes sur la liberté de l'homme, il est très difficile d'en percevoir toute l'étendue des implications. Ainsi, devant nous replier sur une vision très technique de la Justice, nous en arrivons à soumettre la légitimité de la Justice au consentement des gouvernés Mais, précisément, qu'est ce qui fonde ce libre consentement ? [...]
[...] L'homme est libre mais responsable : il ne peut ainsi tout espérer de la Justice de même façon que Dieu n'est pas la solution miracle à tous nos maux ; du fait du contrat qui le lie, il se soumet librement à la Volonté Générale, à la Loi, dans un esprit de citoyenneté La Justice est ainsi un moyen et non une fin ; la fin, c'est la Liberté, le moyen étant le contrat social. Au vu de ces remarques, la France n'est pas et n'a donc pas vocation à être une Démocratie libérale - dont la définition se limiterait au couple Liberté et Egalité - mais une République auquel il faudrait ajouter la fille de ce couple vertueux : la Fraternité. [...]
[...] En rendant la Justice toute puissante, on décourage la liberté & l'esprit d'initiative et on détourne ainsi l'ambition originelle de la Justice. Le débat autour de la réforme constitutionnelle de Mme Guigou cherchant à renforcer l'indépendance de la Justice est tout aussi instructif : on renforce les conditions favorisant l'impartialité du jugement, mais devant les craintes d'un gouvernement des juges on institue une instance de jugement des Juges un Conseil supérieur de la Magistrature réformé bref : une justice contrôlant la liberté de la Justice. [...]
[...] Ou, en d'autres termes, qu'est-ce qui fait que la Liberté sans la Justice puisse être perçue comme une véritable contradiction ? Un tel pouvoir de la Justice est-il fondé ? * La Justice, en vérité, s'apprend dès le plus jeune âge. Plus, la philosophie de l'éducation nous révèle même que la Justice est le meilleur moyen d'appréhender notre liberté Néanmoins, il semble qu'il faille faire des cas séparés des deux types de Justice. En effet, en ce qui concerne la Loi morale, il apparaît que l'enfant n'apprend jamais mieux que par lui- même, grâce à ses propres expériences, comme le souligne Jean-Jacques Rousseau dans L'Emile. [...]
[...] Ceci permet de comprendre pourquoi cette inéluctabilité d'un contrôle des libertés par la Justice a pu mener à tant d'injustices ! En effet, un tel lien a pu et su être utilisé par certaines personnes à leurs fins personnelles, que ce soit dans des logiques de prises de pouvoir (dictatures idéologiques, totalitaires) ou dans des logiques de défense (lois instituant l'affirmative action aux Etats-Unis). Mais, d'aucuns de reconnaître les effets pervers d'une telle instrumentalisation de la Justice, étant donné le caractère finalement assez indéterminé de cette dernière et les risques de dogmatisme qui en découlent lorsqu'on la sépare un peu trop artificiellement de la Liberté. [...]
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