L'Etat est bien souvent perçu comme une entité contraignante imposant une limitation à nos libertés par l'intermédiaire des lois. L'utilité de cet artifice conventionnel n'apparaît donc pas immédiatement. Pourtant, Spinoza défend ici l'idée que « la fin de l'Etat est [...] en réalité la liberté», ce qui justifierait pleinement son existence. Dans quelle mesure l'Etat parvient-il à réaliser cette finalité par un appareil qui semble coercitif ?
Spinoza expose dans un premier temps sa thèse de façon négative («La fin... d'agir. »). L'Etat est un moindre mal visant à garantir la sécurité des hommes par différentes institutions.
Puis il montre que la véritable finalité de l'Etat est bien la liberté, à la fois juridique et morale. Il offre les conditions nécessaires à une véritable autonomie, où l'homme n'obéit plus qu'à lui-même (...)
[...] Elle est légitime dans la mesure où elle est égale pour tous, et conserve notre droit naturel. La liberté de chacun, pour exister réellement, doit tenir compte de la liberté de tous, et être limitée conformément à une loi juste, identique pour tous. Il ne saurait exister de liberté absolue. A l'origine de l'autorité légitime de l'Etat qui restreint nos libertés, il y a donc un contrat tacite, qui ne vaut que s'il est équitable. Cependant, les hommes étant ce qu'ils sont, ils chercheront toujours à enfreindre les lois, accusant à tort l'Etat d'être oppresseur. [...]
[...] Ce droit du plus fort, expression contradictoire, n'est pas véritablement un droit : la force ne fait pas droit, nous ne sommes pas tenu de lui obéir toujours. Un tel Etat ne présente donc aucun intérêt pour l'homme. Ainsi, la finalité première d'un Etat est d'instaurer un ordre véritable et durable, permettant aux hommes de vivre en sécurité dans l'indépendance les uns vis-à-vis des autres. Il protège les hommes en assurant les conditions matérielles de leur bien-être. Comment ? L'Etat doit en premier lieu imposer des lois qui viennent limiter notre droit naturel, c'est-à-dire notre liberté de vivre, d'agir, de développer notre puissance conformément aux lois de la nature. [...]
[...] Celle-ci assure la liberté de penser, (l'Etat ne pouvant contraindre les esprits) et forme les esprits par l'éducation. Ainsi l'esprit peut devenir vraiment autonome (non pas penser ce qu'il veut, mais penser objectivement, sous la conduite de la seule raison et du vrai). Il accède à la liberté que confère une conduite rationnelle, placée sous le seul gouvernement de la raison, où l'homme n'obéit finalement plus qu'à lui-même. En effet, s'il continue à respecter la loi, il le fait non par contrainte, mais parce qu'il a compris l'utilité objective de la loi, de la vie en commun dans une cité, et la nécessite de développer sa raison. [...]
[...] La fin de l'État est donc en réalité la liberté." SPINOZA Introduction L'Etat est bien souvent perçu comme une entité contraignante imposant une limitation à nos libertés par l'intermédiaire des lois. L'utilité de cet artifice conventionnel n'apparaît donc pas immédiatement. Pourtant, Spinoza défend ici l'idée que la fin de l'Etat est [ . ] en réalité la liberté», ce qui justifierait pleinement son existence. Dans quelle mesure l'Etat parvient-il à réaliser cette finalité par un appareil qui semble coercitif ? Spinoza expose dans un premier temps sa thèse de façon négative fin . d'agir. [...]
[...] Remarque Les modernes comme Hannah Arendt forgeront le concept de désobéissance civile, légitime face à l'injustice du droit (à la suite de l'expérience de la ségrégation raciale aux USA et de la colonisation en Inde notamment) à certaines conditions : la finalité doit être l'amélioration de la loi ; l'action menée doit être collective ; il faut être prêt à assumer les conséquences de la désobéissance. Par contre, si l'Etat devient tyrannique. violent envers ses citoyens, bafouant leurs vies et leurs droits fondamentaux, donnant des motifs d'indignation véritable, alors pour Spinoza, cela équivaut de facto à un retour à l'état de nature. Le citoyen, reprenant possession de son droit naturel n'est plus tenu d'obéir et peut se révolter (d'un point de vue moral, il le doit même). [...]
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