La liberté est-elle rendue impossible par la nécessité de l’obéissance aux lois ?

Résumé du document

L'homme est un être libre, ayant conscience de cette liberté, contrairement aux animaux qui sont déterminés par leurs instincts en vue de leur survie. L'homme doit assumer cette liberté, choisit d'être son propre législateur, son propre gouvernement et choisit par conséquent un certain type d'existence, dont il a l'entière responsabilité. Toutefois, la liberté génère l'angoisse, l'angoisse de ne point savoir comment orienter sa vie... D'où la nécessité de faire intervenir une morale, c'est-à-dire des mœurs, des règles, une doctrine établissant ce que l'homme doit faire ou ne pas faire en vue d'une fin de l'existence, valable dans une société. Mais une question s'impose : la liberté est-elle rendue impossible par la nécessité de l'obéissance aux lois ?

Autrement dit, y a-t-il une contradiction lorsque l'on affirme que l'homme est libre alors qu'il est obligé d'obéir à des lois comme « tu ne tueras point » du décalogue ? Nous verrons dans un premier temps que derrière cette apparence de liberté, l'homme est pourtant orienté, guidé, voire contraint d'agir selon des règles fixées par l'État, puis, dans un second temps, que les lois sont nécessaires à l'homme et n'altèrent point sa liberté.

Extraits

[...] Plus tard, Jean-Paul Sartre, par sa formule l'homme est condamné à être libre veut dire que l'homme ne se crée pas mais qu'il peut échapper à toute détermination, étiquette fixée par autrui, et choisir la personne qu'il va devenir. D'après lui, il n'y a pas de déterminisme, bien que certaines situations puissent être plus ou moins dangereuses pour l'homme, il peut toujours s'en sortir honorablement. La liberté consiste à dire que nous nous choisissons et que nous sommes responsables de nos actes. [...]

[...] Mais une question s'impose : la liberté est-elle rendue impossible par la nécessité de l'obéissance aux lois ? Autrement dit, y a-t-il une contradiction lorsque l'on affirme que l'homme est libre alors qu'il est obligé d'obéir à des lois comme tu ne tueras point du décalogue ? Nous verrons dans un premier temps que derrière cette apparence de liberté, l'homme est pourtant orienté, guidé, voire contraint d'agir selon des règles fixées par l'État, puis, dans un second temps, que les lois sont nécessaires à l'homme et n'altèrent point sa liberté. [...]

[...] Comment concilier toutes les exigences individuelles concernant la liberté en des règles fixées par l'État ? La diversité des opinions, des revendications est telle qu'il apparaît utopique de créer un État de ce type. Enfin, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, il y a toujours eu une certaine domination par un ou plusieurs hommes, vire une puissance supérieure comme Dieu, qui ont contraint ou obligé l'homme, par des devoirs, à adopter un comportement moral orienté vers le Bien. En effet, dans les cités grecques, on établissait des hiérarchies entre les hommes, les citoyens, les esclaves. [...]

[...] En effet, comme l'écrit Rousseau, les lois doivent être l'expression de la volonté générale du peuple de telle sorte qu'il obéisse aux lois qu'il a lui-même votées. Il souhaite un État démocratique, où des règles qui seraient les principes de vie en communauté seraient regroupées dans une forme de contrat, qu'il appelle le contrat social Ainsi, selon Rousseau, les lois seraient l'expression des libertés individuelles, une obligation morale et non pas leur négation, une contrainte comme c'est le cas dans le Léviathan de Hobbes ou l'État triomphe de l'égoïsme de Schopenhauer. [...]

[...] La liberté est donc en partie rendue impossible par la nécessité de l'obéissance aux lois. En effet, c'est ce que les anarchistes dénoncent, c'est pourquoi ils revendiquent une société où il y aurait une totale autonomie du sujet, c'est-à-dire qu'il se fixerait lui-même ses propres lois. Ils remettent en cause par la même occasion l'État et son pouvoir sur les individus. De plus, si Hobbes et Rousseau parlent d'un état de nature, où l'homme serait libre, sans la domination d'un État fixant des règles éthiques, n'est-ce pas parce qu'il ne l'a jamais été ? [...]