La liberté nous apparaît comme un idéal inaccessible, une idole à chérir, un culte à vénérer. Elle semble nous échapper à chaque instant, dès que nous prenons une décision et surtout quand nous nous trouvons face à un choix. Car rien ne nous semble plus aliénant que le fait de faire un choix. Mais la conscience se méprend totalement sur la liberté en en faisant un concept vide de sens. En effet si être libre signifie pouvoir faire tout ce que je veux, alors la liberté est bien une illusion, or j'ai fait ce que je voulais qui était aussi tout ce que je pouvais. Chacune de nos actions semble nous ôter un peu plus de liberté car je suis emporté par le « feu de l'action » sur lequel je n'ai aucune emprise.
Nous pouvons donc nous demander si la liberté disparaît dans l'action. En effet le fait d'agir anéantit-il toute possibilité de liberté ou au contraire l'action est le seul domaine dans lequel se réalise ma liberté ?
[...] Elle se réalise dans le passage à l'acte et par l'acte lui-même, en effet l'Histoire laisse de nombreux témoignages: La prise de la Bastille est l'expression d'une entière liberté, l'homme s'arrache à sa condition pour construire un nouvel ordre des choses. Il n'y a donc de liberté qu'au présent, et ce présent n'est possible que dans la spirale infernale du passage à l'acte. Nous avons toujours été obligés d'agir, il ne peut y avoir de liberté dans une indifférence face à l'action, car cela serait une indifférence à la liberté elle-même. [...]
[...] Nous pouvons donc nous demander si la liberté disparaît dans l'action ? En effet le fait agir anéantit-il toute possibilité de liberté ou au contraire l'action est le seul domaine dans lequel se réalise ma liberté ? C'est ainsi que nous verrons tout d'abord que l'action apparaît comme le seul moyen de prendre conscience de sa liberté puis que la liberté ne peut s'exprimer que dans et par l'action et enfin nous nous demanderons dans quelles mesures la liberté peut disparaître non pas dans le fait d'agir, mais dans le fait d'anticiper ou de revenir sur l'action. [...]
[...] Etre libre comme le souligne Sartre s'engage dans l'action c'est-à-dire qu'il se donne lui-même en gage. Face à cet engagement qui met en jeu toute sa liberté, le sujet s'angoisse, et commence à concevoir l'action avant même de l'accomplir. Mais la décision d'agir n'implique pas l'action, et la connaissance de l'intention nous laisse perplexe, il y aurait donc dans une certaine manière un anéantissement de la liberté non pas dans la réalisation de l'action, mais dans son anticipation et dans le retour de la réflexion sur l'acte. [...]
[...] En nous engageant dans l'action, nous donnons une forme à notre liberté, de lui donner un sens. Nous agissons sur la réalité, nous conservons notre entière lucidité face à l'action que nous sommes en train d'accomplir. Nous sommes donc libres quand nous agissons librement, quand nous savons que notre action à un auteur, qu'elle est le fruit d'une conscience lucide. Ce n'est que dans l'action que nous prenons la mesure de notre totale liberté, parce que personne ne m'a jamais forcé à agir et que j'agis toujours en pleine connaissance de cause. [...]
[...] Selon Sartre nous découvrons notre liberté dans l'angoisse, ce sentiment vertigineux devant la multitude des possibles. La conscience s'angoisse de sa totale liberté, l'angoisse face à l'action est donc la saisie de ma totale liberté. Face à cette angoisse, j'éprouve le besoin de projeter mon action, de la mettre en cause, ma liberté s'expérimente donc dans l'acte du doute, en effet quand je suspends mon jugement, je refuse de tenir pour vrai ce qui m'apparaissait tel auparavant, je me prouve donc à moi-même ma liberté. [...]
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