Il semble depuis longtemps établi que les Modernes ont mis en place une représentation spécifique de la liberté, bien différente de celle des Anciens. Hegel, par exemple, a écrit que, si les Anciens se savaient libres en tant que citoyens, ni Platon ni Aristote n'ont su que l'homme est libre en tant que tel. Mais est-il pertinent, est-il juste, de dire qu'il existe UNE seule « liberté chez les Modernes ». Une fois différenciée de la notion de liberté des Anciens, est-ce toujours la même notion, la même valeur chez les Modernes ?
[...] (chez les Anciens) L'homme chez les Anciens ne jouit pas de sa liberté en tant qu'individu, comme chez les Modernes, mais l'exerce à travers son rôle de citoyen. Bien sûr vient se poser la question des individus non citoyens dans la Cité antique. Qu'advient-il des femmes, des enfants, des métèques des cités antiques ? N'ont-ils aucune liberté ? Il est clair dans certains textes d'Aristote par exemple, que ces individus n'ont pas de liberté à proprement parler, ne participant pas à la vie active de la Cité qui procurent aux citoyens la liberté collective que nous avons évoquée. [...]
[...] L'Homme chez les Anciens ne jouit pas de sa liberté, comme chez les Modernes, mais l'exerce à travers son rôle de citoyen. Le citoyen n'obéit qu'à la loi, on peut ainsi dire qu'il n'est esclave que de la loi car c'est ce qui détermine le mieux son indépendance. La liberté est politique avant tout, il n'y a pas de liberté sans participation au gouvernement. Selon Platon, la liberté antique est fondée sur l'obéissance à la loi et le renoncement aux volontés individuelles Il estime que les différentes déliquescences des régimes politiques (comme la démocratie qui se transforme en tyrannie) sont dus à la recherche et à une volonté insatiable de liberté, c'est ce qu'il soutient dans La République : Quand une cité démocratique, altérée de liberté, trouve à sa tête de mauvais échansons, elle ne connaît plus de mesure et s'enivre de liberté pure ; alors si ceux qui gouvernent ne sont pas extrêmement coulants et ne lui donnent pas une complète liberté, elle les met en accusation et les châtie comme des criminels La liberté est une notion liée à la vie en Cité, c'est là que l'homme en prend conscience et qu'il peut ainsi la définir. [...]
[...] La liberté est alors la capacité de pouvoir exercer des activités désintéressées. La notion de liberté est ce qui a permis l'essor de la démocratie. En effet, chez les Anciens, la liberté est plutôt considérée comme une liberté collective, qui consiste en l'exercice collectif de la souveraineté de la Cité. L'instauration de la démocratie a fait surgir l'idée d'isonomie, égalité devant la loi qui permet à chaque citoyen de participer au pouvoir. Seul, les citoyens ont le privilège de se sentir libre indépendant. [...]
[...] une liberté individuelle dont jouit l'Etre. La définition de la liberté que donnent les Modernes est, au contraire, une liberté considérée comme individuelle. La notion d'individu apparaissant et devenant le centre de la philosophie, l'individu prime sur l'ensemble social. Dans Le Léviathan, Hobbes conçoit l'homme à l'état de nature, c'est- à-dire imaginé sans société, c'est-à-dire à l'origine. Il ne s'agit pas pour ces philosophes de soutenir qu'un tel état existe, mais c'est une fiction théorique, une hypothèse rationnelle dont l'objectif est d'analyser, de comprendre l'homme et ce qui le constitue. [...]
[...] (On peut observer, que, paradoxalement, certains dictateurs, pour assoir en apparence leur pouvoir, ont recours aux plébiscites, c'est-à-dire à l'expression directe de la souveraineté du citoyen ) Il faut cependant rappeler qu'aujourd'hui encore, certains régimes politiques ont recours à la participation directe et active des citoyens dans la vie politique de leur société. C'est notamment le cas des cantons suisses. (Et c'était, semble-t-il, la notion de démocratie participative qu'a développé Ségolène Royal). Aussi bien que la notion de liberté est différente chez les Anciens et les Modernes, les dangers, les travers que présentent les deux notions sont différents. S'appuyant une fois de plus B. [...]
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