Si l'on nous demandait quels sont les moments où nous éprouvons des relations intenses avec autrui, nous répondrions assez facilement dans l'amour et l'amitié. À travers l'intimité et la proximité d'une autre personne aimée, ou dans la camaraderie, nous pensons à juste titre trouver une relation essentielle avec autrui. Néanmoins, ces relations sont-elles fondées sur la ressemblance et le fait que j'apprécie des personnes que je considère comme mes alter egos ? (...)
[...] Son altérité s'estompe donc également, et avec elle le désir et la présence auprès de nous d'une autre liberté. En revanche, si nous sommes réellement attentifs à l'autre, nous constatons qu'il y a des moments où nous ne nous comprenons pas, où les différences de caractère, de sexe, d'origines sociales ou culturelles, ou encore celles qui sont liées aux expériences antérieures creusent un écart infranchissable. Là où nous pensions trouver l'autre, il n'est pas là ; là où nous croyions le posséder, il s'échappe: cette absence de l'autre est précisément sa présence comme autre Par conséquent, il ne s'agit pas d'un échec mais bien au contraire d'un rappel à une relation authentique vis-à-vis d'autrui. [...]
[...] Or, peut-être la ressemblance extérieure est-elle trompeuse, et suscitée par des projections subjectives sur l'autre, une manière de juger qui nous prend nous-mêmes comme référence, une sorte d'égocentrisme, comme on parle d'ethnocentrisme pour celui qui juge tout à partir de sa propre culture ? Nous tâcherons donc dans un premier temps d'analyser l'origine de cette identification à l'autre. Puis nous verrons en quoi consiste une véritable relation à autrui. Enfin, nous nous demanderons avec Levinas sur quoi s'appuie le désir de l'autre. [...]
[...] Tant qu'on ne le regarde pas dans les yeux, tant qu'on en reste à une approche impersonnelle, la situation de l'autre nous indiffère. En revanche, dès que nous instaurons un lien humain, c'est- à-dire interpersonnel, alors le regard de l'autre nous rappelle à nos obligations morales. À l'inverse, autrui peut être l'étranger, l'ennemi, le puissant L'association entre l'étranger et l'ennemi est assez regrettable, dans le sens où elle pourrait conduire à une assimilation (ce qui n'est probablement pas dans les intentions de Levinas). [...]
[...] Il s'agit maintenant d'être soi. Et de considérer l'autre pleinement, avec toutes ses différences, et surtout tout ce qu'il recèle d'inconnu, de mystère, de promesses et de menaces. C'est en cela que le face-à-face est redoutable il n'est pas nécessairement dangereux ou menaçant, mais il nous expose, nous met à nu, nous conduit à une solitude radicale en même temps qu'à la possibilité d'une relation authentique avec l'autre La différence entre autrui et l'alter ego C'est alors qu'apparaît la différence entre autrui et un alter ego. [...]
[...] Ainsi le véritable désir nous conduit-il vers l'autre. Mais nous devons préciser qu'il ne s'agit pas là du besoin de l'autre, qui nous amène à vouloir l'utiliser comme un moyen : moyen de se rassurer, de ne pas être seul, de se satisfaire physiquement, de se faire valoir, de se sentir puissant, etc. Dans tous ces cas, l'autre est pris comme objet et élément interchangeable; la relation n'est pas authentique, l'autre n'y est pas conçu comme une fin en soi (Kant). [...]
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