C'est un texte assez déroutant par sa rédaction : c'est après une longue comparaison avec les opérations du calcul que Leibniz en vient à souligner la capacité de l'esprit à être attentif à ce qu'il fait. La comparaison se justifie par la nature "en un certain sens" commune des erreurs et du remède à leur appliquer.
Le calcul sert donc ici de modèle au fonctionnement général de l'esprit : il s'agit dans les deux cas d'être attentif "à la matière et à la forme" de la pensée en train de se constituer. La vigilance de l'esprit, qui est "faculté critique" ou "pouvoir de faire retour sur lui-même", doit être gagnée sur les sensations externes, l'imagination et les "affections propres" (...)
[...] Leibniz indique trois facteurs, où le souvenir de Descartes, et plus largement toute une tradition philosophique, joue encore son rôle : les sensations externes, les imaginations qui éloignent de la situation (concrète ou intellectuelle) réelle, les affections propres c'està-dire les sentiments ou les désirs. De tels facteurs renvoient au physique et au monde extérieur : ils font courir à la pensée le risque de ne plus bénéficier de son espace propre, et de s'égarer dans un univers de fausses sensations, d'images trompeuses, ou d'affectivité envahissante. [...]
[...] La comparaison se justifie par la nature en un certain sens commune des erreurs et du remède à leur appliquer. Le calcul sert donc ici de modèle au fonctionnement général de l'esprit : il s'agit dans les deux cas d'être attentif à la matière et à la forme de la pensée en train de se constituer. La vigilance de l'esprit, qui est faculté critique ou pouvoir de faire retour sur lui-même doit être gagnée sur les sensations externes, l'imagination et les affections propres Les pièges à éviter Ne pas consacrer uniquement la copie à l'évocation de la rigueur en mathématiques ou à l'analyse du raisonnement mathématique. [...]
[...] Et la fin du texte souligne que ce contrôle s'exerce sur des domaines qui vont bien au-delà du seul calcul L'esprit est alors caractérisé par sa faculté critique : faculté d'exercer son jugement, aussi bien sur ce qu'il fait que sur ce qui se présente à lui. Juger ce qu'il fait, c'est faire retour sur luimême mouvement de réflexion qui suppose une sorte de dédoublement de l'esprit, simultanément en train de procéder à son raisonnement et d'examiner la validité de ce dernier. [...]
[...] Leibniz propose ici une véritable méthode pour garantir l'existence d'une maîtrise de la pensée consciente, capable de toujours exercer sa réflexion. C'est en assimilant la pensée au calcul qu'il montre que les précautions à prendre sont semblables dans les deux domaines, parce que la cause des erreurs est elle-même semblable. La fin du texte indique que la pensée dont il est question doit être capable de justifier en toute circonstance l'action du sujet : la maîtrise à acquérir est aussi bien morale que logique Les erreurs de calcul RAISONNEMENT ET CALCUL C'est parce que le raisonnement correspond dans l'esprit au calcul des arithméticiens que l'on doit prendre pour modèle explicatif des erreurs de la pensée les erreurs de calcul. [...]
[...] Observer toutes ces recommandations exige évidemment du temps. Si l'on admet volontiers qu'un mathématicien passe du temps à vérifier ses calculs, ou même qu'un philosophe prenne lui aussi le temps nécessaire pour contrôler que ce qu'il rédige obéit bien à la raison et ne comporte pas d'erreurs, on peut être tenté de faire valoir que, dans son usage quotidien, la pensée se doit d'être plus rapidement appliquée : il semble difficile d'affirmer que, lorsqu'il faut réagir dans l'urgence à une situation donnée, ou lorsqu'il convient de prendre sur le champ une décision, la pensée doive avoir toujours le temps de vérifier longuement et minutieusement chacune de ses affirmations. [...]
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