La figure historique de l'homme qui travaille, qu'il s'agisse de l'esclave antique ou de l'ouvrier de l'usine moderne, paraît peu compatible avec l'exercice de sa liberté immédiate. De ce point de vue banal, il paraît évident que, tant qu'il est exercé, le travail constitue une contrainte, tant physique (il oblige à certains gestes ou certaines postures) que mentale (il nécessite de l'attention). Mais n'est-il que cela ? Si l'on analyse sa signification pour l'homme, ne voit-on pas apparaître dans son concept des aspects beaucoup plus positifs ? (...)
[...] Le travail n'est-il qu'une contrainte ? Introduction La figure historique de l'homme qui travaille, qu'il s'agisse de l'esclave antique ou de l'ouvrier de l'usine moderne, paraît peu compatible avec l'exercice de sa liberté immédiate. De ce point de vue banal, il paraît évident que, tant qu'il est exercé, le travail constitue une contrainte, tant physique (il oblige à certains gestes ou certaines postures) que mentale (il nécessite de l'attention). Mais n'est-il que cela ? Si l'on analyse sa signification pour l'homme, ne voit-on pas apparaître dans son concept des aspects beaucoup plus positifs ? [...]
[...] L'Histoire se fait donc par le travailleur (l'esclave) tandis qu'elle abandonne le maître. On peut ainsi considérer, soit que le travail apporte directement la liberté (version de Hegel), soit qu'il participera à la libération ultime de l'homme (version marxiste, où l'on note que la liberté de Hegel est encore trop abstraite ou, si l'on préfère, encore insuffisamment inscrite dans l'ensemble des corps humains, puisque réservée à une classe). D'un point de vue moins philosophique, on peut aussi bien affirmer que le travail participe fondamentalement à l'élaboration de la culture humaine (qui en effet n'existerait pas sans lui), c'est-à-dire d'un monde proprement humain. [...]
[...] Le travail est donc autoproduction de l'homme, ou humanisation. C'est pourquoi on admet qu'au sens strict, l'animal ne travaille pas (il satisfait ses besoins primaires, mais il n'y a pas chez lui apparition de besoins différents, et l'animal ne se modifie pas par son activité). III. Travail et humanisation Rappeler l'analyse, par Marx, du projet inhérent à l'activité laborieuse : l'objet à obtenir préexiste idéalement dans l'esprit, ce qui détermine une évolution intellectuelle de l'homme, en réveillant en lui des facultés qui y sommeillent D'où la formule : On peut définir l'homme par la conscience, par les sentiments et par tout ce que l'on voudra, lui-même se définit dans la pratique à partir du moment où il produit ses propres moyens d'existence : il n'y a d'humanité authentique que par le travail. [...]
[...] Cela suffit pour indiquer que le caractère contraignant appartient peut-être moins au travail en lui-même qu'à ses différents modes d'organisation historique. On peut donc distinguer le concept de travail de son organisation socio- historique : celle-ci peut être défectueuse sans que la signification du concept s'en trouve modifiée. La nécessité de travailler, telle qu'elle est comprise dès Platon, et à travers Rousseau, Hegel ou Marx, est due au déséquilibre entre les besoins humains et ce que leur propose la nature, qui apparaît insuffisant. [...]
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