« On travaille », « le travail », des termes bien présents dans notre langage de tous les jours. D'ailleurs, notre vocabulaire fait un usage peu économe du mot travail... Ne dit-on pas, à la vue, par exemple de machines en marche qu'elles « travaillent », que dans les siècles prochains, des robots « travailleront » à notre place, de même en ce qui concerne certains animaux dont l'oeuvre s'approche du travail humain (les castors taillant à coups de dents des troncs d'arbres avec la perfection d'un bûcheron, les abeilles construisant les alvéoles de leurs ruches avec le talent du plus grand des architectes) et même parfois, plus généralement à la nature (la terre « travaille » lors de la germination...) ?
[...] En produisant ses moyens d'existence, il transforme ce qui l'entoure, c'est-à-dire, la nature, il est donc puissance et toutes les forces de l'homme (forces de ses bras, de son corps etc.) sont utilisées afin d'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à la vie et en modifiant ce qui l'entoure, il modifie ce qu'il est. En transformant le monde extérieur, il cherche ainsi à se connaître. Engels et Marx, dans L'Idéologie allemande s'en prennent à une conception spiritualiste de l'homme. Ils reconnaissent en effet, que le travail doit en partie son existence à la faible constitution physique de l'homme et à ses besoins propres. Toutefois, ils dépassent cette conception tout ç fait utilitaire qui rend compte de l'origine du travail (pour la survie de l'homme). [...]
[...] Le travail exprime et manifeste la conscience humaine et le besoin fondamental de se voir et de se reconnaître, le travail est donc une sorte d'accomplissement qui permet d'exprimer ce qui fait sa spécificité. Par là, on conclut que le travail suppose et mobilise, développe des facultés humaines, sollicite la pensée, la conception, une démarche théorique propre à l'homme. Par ailleurs, le travail permet à l'homme d'avoir des rapports avec d'autres individus et non pas seulement avec des objets ou le milieu extérieur. En effet, le travail suppose aussi des relations sociales (collaborations, échanges, négociations . [...]
[...] Kant renforce cette idée dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (1784) où il affirme que : la nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'agencement mécanique de son existence animale et qu'il ne participe à aucune autre bonheur ou à aucune autre perfection que ceux qu'il s'est créés lui-même, libre de l'instinct, par sa propre raison Il doit donc être capable de s'élever d'un stade rudimentaire à un stade frôlant la perfection (intérieure). Le travail et la technique auraient donc été inventés comme moyen en vue d'une fin qui serait la survie dans un milieu auquel l'homme n'est pas adapté. Le travail exprime donc, quelque part, une spécificité humaine, une des caractéristiques de l'homme. Dans la théorie marxiste, le travail serait l'essence même de l'homme. [...]
[...] La production guide l'homme, lui applique son rythme, lui impose sa gestuelle et sa cadence, l'homme est déshumanisé. L'épanouissement de l'homme en tant qu'homme n'est pas pris en considération, seul l'aboutissement compte, le gain final. L'homme n'est alors plus qu'un instrument au sein de la production et ne peut plus s'accomplir et développer ses facultés, il n'y a plus place ni pour la pensée, ni pour la liberté mais plutôt pour certaine action dépourvue de réflexion et qui a tout de machinal. Finalement, je pense que le travail est bien le propre de l'homme. [...]
[...] Cette répétition monotone du cycle produit-consommation serait alors un acte irréfléchi, n'utilisant pas l'esprit, fait avec l'automatisme dans l'unique but d'arriver à sa fin, de trouver ce que nous cherchions dès le départ, assouvir nos besoins les plus pressés. Ce travail est justement celui des animaux, des machines et s'il est accompli de la sorte, il conduit inévitablement à l' abêtissement de l'homme . Mais, justement, peut-on dire de ces actes irréfléchis vieux de mille ans et répétés avec la même régularité, chaque mouvement étant identique en tous points au précédent, qu'il s'agit d'un travail ? Ne serait-ce plutôt pas une simple activité ? [...]
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