Au travers de la formulation du sujet, nous consentons que le silence entretient un rapport avec le langage. Il est fondamental d'admettre que le silence a existé bien avant l'apparition du langage, l'animal humain était muré dans le silence avant qu'il prononce ses premiers mots. Depuis la nuit des temps, le silence accompagne l'homme, nous nous devons d'interroger sa signification. Or, la question qui nous est proposée soulève un paradoxe éloquent. Effectivement, le silence est par définition l'absence de paroles et le verbe dire est la pratique du langage, l'attribution d'une signification. Car c'est en parlant, en s'exprimant que nous donnons un sens à nos pensées. Mais alors comment le silence qui se défend de toute émission de discours pourrait-il avoir une signification ? (...)
[...] Nous observerons que le silence n'a pas de signification, puis que celui-ci peut cacher de nombreuses choses au travers de différents exemples de situations où le silence peut se monter très parlant. Finalement nous nous appliquerons à distinguer ce que dit véritablement le silence. Le silence est par définition l'absence d'émission sonore. S'il n'y a pas d'émission sonore il s'agit donc de ne pas parler, de se taire. Le silence est ainsi l'absence de parole, l'absence de mots. C'est le fait de ne pas s'exprimer, de ne pas employer de langage articulé. Le silence comme absence de parole signifie alors qu'il est radicalement hors du langage et dénué de toute portée. [...]
[...] Le silence ne dit rien sans la parole. Le silence dit, il a une signification. Il est le langage de la pensée, du dialogue silencieux que nous entretenons avec notre intérieur. Toutefois il n'existe pas de pensée réelle et rationnelle sans paroles puisque la pensée prend toute sa signification dans les mots. Les mots qui n'existent pas sans le silence, le silence n'existe pas sans les mots. Mais il s'avère que ceux-ci sont bien souvent trop coutumiers pour expliquer un sentiment qui n'a rien d'usuel, l'amour par exemple. [...]
[...] Ainsi, le silence reste ce qui nous cède la compréhension du langage. Le silence donne la possibilité de reformuler ce que nous disons, de nuancer ou de parfaire pour que nos paroles soient plus justes. Mais alors, le silence ne serait-il pas qu'un moyen de parvenir à exprimer nos idées de la manière la plus juste qu'il soit? Que seraient nos pensées si nous n'utilisons pas le langage? Hegel dit : Vouloir penser sans les mots est une tentative insensée. [...]
[...] Nous pouvons aisément affirmer que l'être ignorant ou l'enfant se voit enfermé dans le silence car il se peut qu'il ne soit pas dans la capacité de comprendre de quoi discute son ou ses interlocuteur(s). Prenons en exemple une française face un russe, il est certain que le silence emplira leur rencontre si tous deux ne parlent que leur langue maternelle. Plus loin encore, un dialogue entre deux philosophes ne pourra être perçu par un sujet n'ayant jamais pratiqué la philosophie, il se trouvera confronté au silence, un silence vide de connaissance, d'intelligibilité. Le silence dans cette expérience ne dit rien. [...]
[...] Le silence est, en réalité, fait en notre intérieur de paroles qui ne cessent. Celles-ci forment des pensées également incessantes conscientes ou non comme nous faisons tous l'expérience de réaliser qu'il n'arrive jamais que nous ne pensons pas. Le silence que représente l'écoute comme nous l'avons remarqué auparavant ne se résume pas seulement au fait d'écouter, même si nous ne prenons pas gare à nos pensées, or nous pensons puisque inconsciemment nous répétons ses mots pour les saisir. Plus loin encore, nous sommes capables de penser autre chose au même moment que notre interlocuteur s'exprime. [...]
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