On apprend souvent aux enfants qu'il faut "tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler". Il s'agit d'une manière ludique de leur faire comprendre qu'ils ne doivent pas dire tout ce qui leur passe par la tête ; qu'il convient de réfléchir aux conséquences des mots. En somme, on leur inculque les règles du jeu social.
[...] Il n'y a plus de certitude, et le langage ne peut pas exprimer ce qui est. Il faut également, et c'est peut-être l'aspect le plus important du problème, prendre en compte les dimensions sociales et culturelles du langage. Les mots ne sont que des conventions sociales, et on rejoint là la théorie de Bergson. C'est également ce qu'affirmait Hermogène, le détracteur de Cratyle, même si tous deux tombaient d'accord sur la justesse des mots pour désigner les choses. Enfin, la multitude de langages existant sur Terre montre bien que rien n'est certain. [...]
[...] Platon, dans son ouvrage Cratyle, relate un dialogue entre le personnage éponyme et Hermogène. Cratyle est persuadé que les noms choisis pour désigner les choses sont fondamentalement justes, et imitent l'essence de ce qu'ils sont censés représenter. Sont pris pour exemple les sons que font certaines lettres. Par exemple, le peut évoquer un roulement. Certains mots coulent sur la langue tandis que d'autres sont rêches et râpent. L'argument de Cratyle peut se résumer avec le vieil adage "la nature est bien faite". [...]
[...] Se pose alors la question de l'utilité du langage : le langage ne sert-il qu'à exprimer ce qui est ? Tout dépend à la vérité de ce que l'on entend par "ce qui est", mais il reste possible de reformuler le problème ainsi : l'usage du langage s'accompagne-t-il de certitude ? Nous verrons dans un premier temps que le langage est construit comme une certitude en soi. Ensuite, nous nous pencherons sur les limites de ce raisonnement. Enfin, nous verrons que la notion même de certitude peut être interprétée de différentes manières. [...]
[...] Le langage possède plusieurs fonctions, ce qui le différencie des signaux et codes utilisés par les animaux. Au-delà de ça, toute réflexion profonde sur la nature du langage dépendra en réalité de la manière qu'on a de le considérer. Si l'on regarde l'histoire de l'Humanité, cependant, il apparait difficile de croire en la certitude du langage : on ne compte plus les conflits ayant démarré suite à un manque de compréhension. Aujourd'hui encore, les tweets quotidiens du président américain constituent un triste rappel de la subjectivité du langage. [...]
[...] Peut-être n'est-elle que subjective. A partir du moment où je formule une pensée abstraite en mots et phrases, je crée automatiquement ma propre certitude. Que l'affirmation soit vérifiable ou pas, qu'elle soit fausse ou farfelue importe peu. Je l'ai pensée, je l'ai formulée, donc elle est. On applique en quelque sorte la logique de Descartes aux mots. On sait que les groupes sociaux s'approprient le langage, le modèlent à leur convenance, ce qui explique certaines difficultés de communication entre individus. [...]
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