Dissertation philosophique tentant de distinguer les deux notions floues que sont la pensée et le langage.
[...] Les niveaux de langage II s'agit de voir dans la séparation entre langage et pensée un phénomène possible, et même courant, mais aussi de l'apprécier comme une sorte de premier niveau qui n'épuise pas les rapports entre ces deux éléments. Ni surtout les rapports entre la parole et la personnalité. Plus exactement on pourrait distinguer deux types de rapport entre tous ces éléments ; l'un purement technique qui sépare penser et parler, au sens où la personnalité de l'individu ne s'y réalise pas ; l'autre artistique où l'utilisation de la parole est détachée d'une fonction strictement utilitaire, au profit d'une exigence ou manifestation plus claire d'expression de soi. [...]
[...] Cette fonction reste présente dans toutes les utilisations de jargon professionnel. Mais aussi dans des expressions de politesse qui ne s'accompagnent pas de véritable pensée : est-on toujours bien attentif à la réponse du comment ça va? lancé à nos camarades le matin au lycée ? Ce sont même des façons de s'exprimer, voire des postures et des attitudes, qui peuvent être instrumentalisées : ne reconnaît-on pas d'emblée le discours d'un commercial en exercice, même quand il utilise des mots au sens éthique assez fort comme plaisir ou bonheur ? [...]
[...] Peut-on séparer penser et parler ? Si la pensée semble pouvoir exister sans être formulable par aucun langage, y a-t-il une parole possible, sans réelle faculté de pensée ? L'exercice de la parole suppose-t- il nécessairement une pensée sous-jacente, ou est-il permis de qualifier de parole toute communication orale ? Et inversement la pensée ne peut-elle être là alors que la parole ne peut se déployer, du fait de circonstances psychologiques ou de matériaux linguistiques insuffisants. Nous verrons dans un premier temps la séparation de principe et de fait que l'on peut établir entre penser et parler, pour examiner ensuite les différents niveaux de langage que suppose la réalité, en acte ou en puissance, de sa séparation d'avec la pensée. [...]
[...] Mais de la même façon qu'un signe peut être séparé de ce qu'il annonce, ou que quelque chose d'existant peut ne pas être signalé à l'attention des gens, de la même façon la pensée peut rester muette, sans cesser d'être pensée. Le signe est par définition autre chose que ce à quoi il renvoie, sans quoi il ne serait justement pas un signe, mais la chose elle-même et il y aurait moins de difficultés d'interprétation. D'un côté ce qu'on donne à entendre physiquement et extérieurement, de l'autre ce qu'on pense mentalement et intimement. [...]
[...] Cela est également vrai pour la prise de conscience de la pensée d'autrui. La parole, un instrument parfois défaillant pour traduire la pensée Qui n'a pas constaté un jour qu'un sentiment personnel ne trouve pas d'expression adéquate ni même d'expression du tout? Ceci est fatal : on sait que le langage sert d'instrument de communication des pensées. Le mot doit donc être le même pour tous, sinon il n'est pas compris. Mais il gomme ainsi des nuances personnelles et intimes importantes car la réalité qu'il désigne, le sentiment amoureux par exemple, évolue sans cesse dans l'esprit. [...]
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