Le langage, défini comme la faculté de communiquer la pensée au moyen d'un système de signes parlés ou écrits s'impose d'emblée par son immédiateté et son omniprésence : nous sommes immergés dans le langage qui nous permet de nommer les choses, de les désigner (nous ne parlerons dans le cadre de cette analyse que du langage humain). Le langage peut renvoyer aux objets, aux sentiments, aux émotions, souvenirs, représentations, idées etc. mais il serait dogmatique de donner ainsi une définition restrictive de la réalité. Aussi, c'est en discernant ce à quoi le langage est capable de renvoyer que nous préciserons la consistance de ce concept.
La médiation du langage permet ainsi de rendre signifiante la réalité qui ne le devient véritablement que lorsqu'elle est introduite dans le discours, puisque la plupart des représentations passent à travers la parole. Cependant, le langage parait souvent imparfait à signifier adéquatement la réalité : Montaigne met en évidence que dans le langage on a affaire qu'au langage, écrivant que « la question est de parole et se paie de même. ». De fait, on échange un mot pour un autre, et souvent plus inconnu au point que l'on peut se demander si le langage peut véritablement nous faire connaître quelque chose sur la réalité.
Il convient donc de se demander comment comprendre ce lien des mots et des choses et plus précisément la congruence entre la nomination et l'être des choses. Ainsi, apparaît la difficulté de savoir si les mots ont comme fonction de représenter les choses, si la signification d'un mot découle du savoir de ce qu'il représente auquel cas il serait un décalque de la réalité, une simple nomenclature ou si au contraire le langage généralise ne nous tenant pas attachés aux choses. Il se pose également la question du domaine de la réalité auquel le langage peut faire référence, selon quels modes ainsi que les significations qu'il est capable de produire.
D'un côté, le langage, en tant qu'il est constitué principalement de noms entretient avec la réalité des rapports d'abstraction. Puis nous constaterons qu'en posant la question au niveau propositionnel et syntaxique, les rapports avec la réalité sont au contraire singuliers et complexes. Enfin, nous verrons que par le langage, l'homme peut s'élever à un rapport à des choses non mondaines, au sens de sensibles, capable de parler même de ce qui n'existe pas.
[...] Ainsi, Dionysos convient au dieu du vin car l'analyse révèle qu'il signifie donneur de vin En revanche, l'on ne sait pas pourquoi Hermogène s'appelle Hermogène, et nous ne le serons jamais, puisque ce nom ne lui convient pas. La rectitude des noms leur vient d'être en conformité avec les choses. A condition d'être le reflet de la réalité et de ressembler à ce qu'ils nomment, les noms nous donnent l'essence des choses : le langage dans la mesure où il est bien fait doit nous enseigner la réalité des choses. [...]
[...] L'univers de fiction ne devient pas un royaume sans contraintes pour autant. En effet, le sens des énoncés pour qu'il puisse constituer ne serait ce qu'une visée doit obéir à certaines lois qui lui sont immanentes. Tout d'abord la loi logique de la non contradiction, qui est indispensable pour construire un sens. Ensuite, la loi morphologique du sens lui-même bien qu'indépendant des références. Le sens peut s'élaborer par exemple grâce à la fonction symbolique du langage. Ainsi par exemple l'harmonie imitative ou le rythme même des phrases dans un poème peut suggérer symboliquement une émotion : c'est dans la matière linguistique elle-même que l'émotion est donnée à sentir. [...]
[...] On peut ainsi se demander en quoi le langage permet d'avoir un rapport à une réalité pas empiriquement repérable. Si le sens est antérieur au fait de pouvoir fournir une référence à la proposition, c'est-à-dire si c'est à même le sens linguistique de l'énoncé que va pouvoir se construire un rapport au monde, alors il semble que de par son antériorité, le sens lui-même est indépendant du monde et de la référence. III) Par le langage, l'homme peut s'élever à un rapport à des choses non mondaines, au sens de sensibles, capable de parler même de ce qui n'existe pas Dans la littérature, le sens est de fait antérieur au rapport avec le monde. [...]
[...] De la même façon, les notes de musique ne semblent pas être une image de la musique, et cependant, ces langages de signes se révèlent aussi au sens ordinaire comme étant des images de ce qu'ils représentent. d'après Wittgenstein. La figurativité du langage ne peut être réduite à une similitude au sens strict. La manière dont l'image en général représente son objet doit être comprise autrement que comme une copie stricte objective. De fait, le langage relève de la reconstruction du réel immédiat : le langage et la réalité sont donc dans une sorte de relation projective. [...]
[...] Ainsi, l'usage du langage nous permet de comprendre nos rapports avec le monde. Néanmoins, on s'est intéressés pour le moment au domaine du langage en tant qu'il est constitué principalement de noms. Or il serait insuffisant de réduire le rapport langage-réalité au rapport des mots et des choses. II) En posant la question au niveau propositionnel et syntaxique, les rapports avec la réalité sont au contraire singuliers et complexes Il est nécessaire de poser la question au niveau propositionnel et syntaxique où les rapports avec le langage sont au contraire singuliers et complexes. [...]
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