Dissertation complète et entièrement rédigée sur l'acquisition du langage et le rapport avec la forme de pensée.
[...] Si l'acquisition du langage permet de former la pensée, la reconstitution par Rousseau de cette histoire de l'acquisition du langage ménage cette contingence en présentant chaque étape de l'évolution comme une station, à laquelle l'homme a dû s'arrêter, et aurait pu s'arrêter définitivement, avant de franchir le nouvel espace qui le séparait de l'étape suivante. À la première étape correspond la société commençante : le cri de la nature diversement modulé, assorti de gestes, constitue le premier langage. Lorsque, bien plus tard, les échanges entre les hommes se compliquent - deuxième phase de la sociabilité - et que les idées grâce au premier langage deviennent plus générales, apparaît le langage d'institution. Les premiers signes exprimaient naturellement l'émotion ou l'objet auquel ils se référaient. [...]
[...] L'acquisition du langage permet-elle de former la pensée ? S'il ne nous est pas possible de retrouver au-delà de l'histoire les lentes étapes par lesquelles l'humanité, d'emblée naturellement capable de sons articulés, est arrivée à la symbolique du langage, il reste que tout homme est un commencement : l'enfant, c'est étymologiquement celui qui ne parle pas. Il semble dès lors que c'est en apprenant à parler qu'on apprend à penser, que la conscience obscure s'épanouit en une conscience humaine. Or voilà le cercle dans lequel parait être empêtré le langage : s'il faut apprendre à parler pour penser, il faut penser pour apprendre à parler, l'acquisition du langage supposant l'existence d'un langage qui lui préexiste, donc d'un lien social préalable qui permette de fonder une sorte de pacte linguistique grâce auquel les membres de la communauté réussissent à s'accorder sur le sens des signes institués. [...]
[...] Leur compréhension et leur manipulation procède de la seule compétence linguistique. La preuve en est que psychologiquement il est impossible d'imaginer le contenu d'une notion générale (ou concept) : Essayez de vous tracer l'image d'un arbre en général, jamais vous n'en viendrez à bout, malgré vous il faudra le voir petit ou grand, rare ou tout ou touffu, clair ou foncé, et s'il dépendait de vous de n'y voir que ce qui se trouve en tout arbre, cette image ne ressemblerait plus à un arbre. [...]
[...] Dans l'ordre de la formation de la pensée, l'acquisition du langage est donc un acte créateur, mettant en jeu performance et compétence. Si la performance est la mise en oeuvre d'un acte de parole, la notion de compétence présuppose le sujet créateur : savoir utiliser une langue, c'est produire un nombre théoriquement infini de phrases en mettant en œuvre un nombre fini d'éléments appartenant à la structure de cette langue. La notion de compétence inclut le locuteur et l'intuition qu'il a de la grammaticalité de ce qu'il énonce ou de ce qu'il comprend. [...]
[...] Toutes mes représentations d'arbre sont rangées sous une dénomination unique l'arbre que l'on subdivise par ailleurs en sous-classes (le chêne, le hêtre, le platane ) De même, les règles syntaxiques de la langue sont les premières structures logiques qui nous permettent d'enchaîner nos pensées de manière ordonnée : les liaisons entre nos idées dépendent des relations entre les signes qui permettent de les noter. Ainsi, apprendre à penser, c'est apprendre à parler. L'origine de la pensée proprement dite - par opposition à la pure sensation - coïncide donc pour Rousseau avec l'origine du langage. C'est en apprenant sa langue maternelle que l'enfant acquiert les instruments théoriques (concepts, structures linguistiques) qui lui permettront de traiter les informations sensorielles. Mais il reste à saisir l'origine du langage. [...]
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