Le sujet, "Le langage n'est-il qu'un moyen de communication ?", réfère à une définition courante du langage, qui consiste à le caractériser comme tout système ou tout ensemble de signes permettant la communication, cad la transmission d'une information ou d'un message. Cette définition générale adopte un point de vue utilitariste par rapport au langage : celui-ci est perçu comme « moyen », cad comme un instrument en vue d'une fin, comme un appareil qui dans son fonctionnement accomplirait sa fonction de communication. Et en effet, lorsque l'émetteur parle, ne cherche-t-il pas avant tout à faire passer un message à un interlocuteur ? Mais si l'on y regarde de plus près, ce présupposé selon lequel le langage est un moyen de communication pose problème. Le langage est-il forcément un moyen, un instrument en vue d'une fin ? (...)
[...] III/ Langage et pensée En quoi le langage, bien plus d'un simple moyen de communication, est-il un moyen de structuration de la pensée ? Le schéma techniciste, qui fait du langage un simple outil de communication, oppose, de part et d'autre du canal, deux interlocuteurs, déjà prêts à communiquer, déjà propriétaires de choses à dire. Le langage ne serait alors que la médiation entre ces subjectivités préexistantes. Or, un être humain peut-il être un individu en dehors de la parole, antérieurement aux actes sociaux de langage ? [...]
[...] Autrement dit, si le langage est un moyen de communication, la marchandise qu'il transporte, pourrions-nous dire, est la pensée. Descartes, dans une de ses lettres à Newcastle, insiste sur le fait que dans la parole humaine s'imbriquent le langage et la pensée. Selon lui, le langage témoigne d'une faculté de penser et de raisonner spécifique à l'homme, et si les animaux ne parlent pas, c'est faute de penser et non faute des moyens de communication, comme le prouve le fait qu'ils sont capables d'exprimer leurs passions. [...]
[...] Celui-ci ne permettrait-il pas par exemple d'agir, en plus de communiquer ? Austin, dans son livre Quand dire, c'est faire, souligne le fait que parler, ce n'est pas seulement transmettre de l'information de façon neutre : c'est aussi agir. Ainsi, les verbes du type baptiser promettre ou s'excuser énoncés à la première personne, accomplissent par leur énonciation l'acte qu'ils désignent, si certaines conditions extra-langagières sont réunies. Le dualisme intransigeant de la linguistique entre l'ordre des signes et l'ordre du réel est alors transgressé dans la mesure où la parole est source de réalités. [...]
[...] Le langage comme moyen de communication Le langage peut se définir comme tout système ou tout ensemble de signes permettant la communication. Il y a communication dès lors qu'un émetteur transmet une information ou un message à un récepteur. Le message est transmis grâce à un support matériel (sons de la voix, geste, il est déchiffré par le récepteur à l'aide d'un code, celui-ci étant l'ensemble des signes et des règles que disposent en commun les sujets qui communiquent. Conséquences de cette définition : tout d'abord, on rentre dans une conception utilitariste du langage. [...]
[...] Attention aux définitions les plus simplistes le langage = moyen de communication chargées de présupposés. S'il est vrai que le langage articulé est le milieu privilégié des communications humaines, le définir comme moyen de communication conduit à des schématisations dangereuses. En réduisant le langage à un moyen de communication, nous le réduisons à la situation modèle d'une communication téléphonique, dans laquelle le bruit, cad toutes les causes extérieures à l'objet de la communication elle- même, serait perçu comme un parasite. [...]
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