Nous sommes tous chaque jour amenés à échanger avec autrui, que ce soit par le biais de nos attitudes, nos gestes, nos regards, nos paroles ou encore nos écritures scripturales. Ces deux derniers outils de communication forment le langage : cet ensemble de signes conventionnels dédié à la communication entre membres d'une même communauté. A partir de différents mots de vocabulaire intériorisés tout au long de sa vie, mais aussi de règles conventionnelles d'utilisation, l'homme construit des phrases vouées à l'échange de tous avec tous partant d'émetteurs pour être comprises par des récepteurs.
Accompagnant l'homme depuis toujours, le langage a évolué avec lui que ce soit dans son vocabulaire ou son sens. On peut alors légitimement se demander s'il n'aurait pas également changé de rôle dans la société. Si dans une société comme la nôtre où luxe, beauté et image marquent de leurs empreintes les comportements en édictant leurs normes, les mots eux aussi ne permettraient-ils pas l'exercice d'une certaine forme de domination. Dès lors, quelle est aujourd'hui la place du langage dans notre société ? Les mots permettent-ils l'exercice d'une domination ? Notre expression est-elle véritablement le reflet de la vérité, c'est-à-dire la réalité la plus objective et omnisciente possible ? Autrement dit, les mots peuvent-ils être utilisés comme un procédé de pouvoir sur les autres ? Pour tenter d'y répondre, nous verrons d'abord que la fonction première du langage est l'intégration sociale. Puis, qu'il a évolué en se transformant malgré lui en vecteur de séduction, et donc a fortiori, de puissance. Enfin, nous expliquerons qu'il ne peut se limiter à cela et reste avant tout un outil de transmission de culture savante.
Afin de définir un sens précis pour un mot précis, les idiomes d'une communauté sont institutionnalisés par convention par des autorités régaliennes. A l'instar de l'Académie Française dans notre pays, elles nuancent les termes entre eux, traduisent les mots étrangers et légifèrent sur les expressions utilisables et leurs significations. Tout ceci dans un unique but : permettre leur utilisation et compréhension par tous les individus du même ensemble social (...)
[...] On connaît le langage comme technique de communication, issue à la fois d'une capacité innée naturelle, et d'un développement culturel, donc artificiel, institutionnalisé, un héritage se transmettant de génération en génération par l'éducation. Pour cause, tous les mots nous sont extérieurs. Mais on occulte trop souvent que les langues, relevant du domaine de l'immatériel, ont bien une évolution, une histoire, un passé et un futur. Mieux, qu'elles sont synonymes de civilisation, mémoire et valeurs. Ou encore, qu'elles sont l'unique moyen de la culture savante entre les individus. Les seuls moyens d'apprendre pour un individu sont : le langage et l'expérience. En conclusion, le langage est une faculté de tous les hommes. [...]
[...] Autant d'étapes qui permettent notre bonne intégration sociale. L'individu se reconnaît alors comme partie prenante d'une société. Cependant, si cette fonction primaire du langage, théorique, est irremplaçable, on constate qu'elle est dépassée dans la pratique. Avec la montée de la rationalité et la surenchère visuelle qui habitent nos sociétés modernes, chacun se voit obligé de paraître, sans forcément être. Etre compétent, être intelligent, être cultivé, être riche, être parfait, être tout ce qu'il veut être, ou veux faire croire qu'il l'est en tout cas. [...]
[...] Accompagnant l'homme depuis toujours, le langage a évolué avec lui que ce soit dans son vocabulaire ou son sens. On peut alors légitimement se demander s'il n'aurait pas également changé de rôle dans la société. Si dans une société comme la nôtre où luxe, beauté et image marquent de leurs empreintes les comportements en édictant leurs normes, les mots eux aussi ne permettraient-ils pas l'exercice d'une certaine forme de domination. Dès lors, quelle est aujourd'hui la place du langage dans notre société ? Les mots permettent-ils l'exercice d'une domination ? [...]
[...] Et, plus dangereux encore, les sociétés contemporaines sont habitées par la tentation de retrouver des liens de communauté en se définissant par des liens ethniques et non linguistiques. La langue étant pourtant un symbole de diversité. Mais la bravade la plus actuelle est la menace de l'ethnocentrisme, concept de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, qui amène des groupes différents au conflit du simple fait de leurs dissemblances et leurs convictions d'être, à tort, le dominateur de l'autre. [...]
[...] Mais la tendance se diffuse, le métier se professionnalise. C'est l'avènement de la communication, une nouvelle forme de rhétorique qui s'apprend en école autour de grands principes : adapter son vocabulaire à son interlocuteur, le toucher, le faire rêver, susciter son imagination, prendre à partie l'interlocuteur Bref, chercher à séduire. Que l'on soit politique ou publicitaire, avocat, écrivain ou vedette, on utilise des techniques répondant par exemple au nom barbare de programmation neurolinguistique, on se fait conseiller et même entraîner par des mentors et autres pygmalions. [...]
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