Dissertation de philosophie relative au langage. L'énoncé s'appuie sur un présupposé : l'écriture à plus de valeur que la parole : elle est plus précieuse, on y investit une plus grande excellence morale, ontologique. L'écriture dirait plus que la parole, elle serait plus langage, un langage plus signifiant que la parole. Nous devons comprendre sur quoi repose ce présupposé afin de la valider ou de le réfuter.
[...] A-t-on raison d'estimer que l'écriture à plus de valeur que la parole ? L'écriture : C'est le système de représentation graphique de la langue. Elle est caractérisée par le différé du message et la virtualité du récepteur. La parole : En grec, le mot vient de parabole. C'est un acte de langage qui renvoie au corps et qui s'adresse à un interlocuteur. La parole est du côté de l'immédiateté. Valeur : C'est la mesure de l'intérêt, de la qualité d'une chose. [...]
[...] C'est donc que la part physique du langage, à savoir la parole, contient en elle-même une forme de signification, c'est à dire du sens en tant qu'il résulte de mon rapport au monde, que le passage au corps, au geste, à la parole est antérieur à la reconnaissance de la signification, et qu'il y a du sens dans la parole comme geste. Si la parole est l'expérience fondamentale de l'être au monde, doit-on pour autant considérer que l'écrit ure est une expérience qui nous place en retrait du monde de par son caractère différé ? L'écriture épistolaire, par exemple, ne pourrait-elle pas nous fournir un exemple d'une autre temporalité de la communication ? Voir la correspondance de Diderot à Sophie Volland. [...]
[...] C'est aussi pour l'effort de réminiscence qu'exige la parole, que Platon attribue une plus grande valeur que l'écrit. Dans le Phèdre, Platon fait parler Theuth, le dieu égyptien, qui prétend que son invention, l'écriture, rendra les hommes moins oublieux. Mais Socrate lui répond qu'au contraire, l'écriture va favoriser paresse de la mémoire, les hommes ne feront plus l'effort de se souvenir. L'écriture ne peut être qu'au mieux, un moyen mnémotechnique. La parole, de par la place qu'elle laisse à interlocuteur immédiat, permet le dialogue et la maïeutique. [...]
[...] Les multiples usages des mots appauvrissent le sens et l'exactitude de la grammaire se perd aussi. II. La parole comme manifestation du logos Notre société n'a pas toujours été une société de lisants-écrivants : elle l'est devenue avec la diffusion de l'imprimerie, à l'heure de la Réforme. Non pas que l'on se passait avant de récits et de tradition : la tradition était orale. Les comtes n'en restaient pas moins traditionnels et le Petit Chaperon Rouge se transmettait oralement de générations en générations, il n'avait pas besoin d'écrits pour perdurer. [...]
[...] L'écriture dirait plus que la parole, elle serait plus langage, un langage plus signifiant que la parole. Nous devons comprendre sur quoi repose ce présupposé afin de la valider ou de le réfuter. I. La parole passe, l'écriture reste. En raison de son caractère immédiat et instable, la parole finit par disparaître à moins de pouvoir bénéficier de la publicité que lui offre l'écrit. Cette publicité permet la communication diachronique par laquelle sera possible une reprise dans le but de prolonger ou de réfuter le propos. [...]
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