On rattache généralement le langage à la fonction dite de "communication" c'est-à-dire à l'ensemble des techniques qui visent à transmettre un message. Or, ceci suppose de partager une langue, un système de codes. En un sens, le langage consiste donc en une opération impersonnelle : transmettre des "données" (comme un réseau informatique), échanger des informations qui, en elles-mêmes, n'ont rien de spécifique à celui qui les (transmet).
Pourtant, un malentendu, un mensonge, et la présence de l'autre suffisent à en faire, dans ces situations, une chose tout à fait particulière. Parler, ce n'est pas seulement faire usage d'une langue établie, en respectant la grammaire, c'est surtout signifier quelque chose à quelqu'un, exprimer ou décrire, ou au contraire suggérer sans vraiment dire, voire même laisser entendre, dans ses paroles, tout autre chose que ce que l'on dit.
Mais s'il est aussi possible de parler pour ne rien dire, qu'est-ce que parler veut dire ? (...)
[...] Il faut donc savoir parler pour être élu, et savoir emporter l'assentiment des auditeurs. Et puisque tous les citoyens ne sont pas des jrnistes, celui qui souhaite participer à l'élaboration, à la décision des lois doit prouver par la maîtrise du discours qu'il peut gagner à sa cause les autres citoyens: la force de son discours est un gage de sa capacité à diriger les affaires publiques, et puisqu'il sait persuader, il sera obéi. La maîtrise des mots et de leurs effets est signe d'une maîtrise des choses. [...]
[...] C'est pourquoi, à la loi politique, extérieure est supérieure au sujet libre, souvent fille de l'arbitraire et du caprice des hommes, variable cofilme les circonstances, Kant pourra opposer la loi morale, c'est-à-dire le commandement impérieux du devoir sous la forme du principe (être de raison, force d'une parole prononcée en conscience) qui détermine intérieurement la volonté agissante. Naître au milieu d'une langue ce n'est pas seulement accéder à une culture particulière, déterminée ; c'est aussi du même coup découvrir que la parole est partagée. Dire paradoxalement ne m'isole pas, mais donne à cette individualisation par la parole une portée et un sens universel, parce que mon individualité prend sens pour les autres par cette désignation. C'est donc le langage quel qu'il soit qui réalise la communauté, et non pas I'inverse. [...]
[...] Ainsi, I'absurde est ce qui semble ne pas pouvoir être compris, parce que la vérité qu'exprime un rêve est souvent cherchée loin ailleurs, alors qu'elle se montre souvent dans ce qui est le plus direct : lapsus, et description concrète du rêve. Les mots les plus habituels, apparemment anodins, qui décrivent le rêve sont il il : il alors les plus chargés de sens. Lavérité n'est donc pas ce qui est caché, mais elle n'existe pas avant d'être dite, mise en forme. Pensons-nous dans les mots ? Ainsi, de môme que I'imagination d'un peintre ne s'épuise pas dans les tableaux qui l'expriment, la pensée ne saurait être simplement contenue dans les limites du mot qu'elle utilise. [...]
[...] Pour Bergson, le langage sclérose la pensée en la coupant de ses plus hnes nuances. Alors que la conscience est une durée continue de nature purement qualitative, le langage, par ses termes figés en une série d'éléments discontinus, le vécu de nos expériences. Celles-ci se trouvent alors enfermées dans des cadres immobiles et préconçus. Le langage appauvrit et trahit la richesse de la pensée dans la mesure où il la dépersonnalise et la banalise. Au lieu de traduire le [...]
[...] En fait, le sens n'est pas la signification. Prenons un exemple : un couple se déchire, elle prétexte une simple promenade, il craint qu'elle rejoigne un amant ; ses mots laissent entendre tout le contraire de ce qu'elle dit. La langue a beau avoir la rigueur d'un système, et le langage être conventionnel, les significations du dictionnaire ne suffisent pas toujours à lever l'équivoque, éclaircir le malentendu, supprimer I'obscurité ou le mensonge dans ce qui m'est signifié. Parce que le sens d'un message fait intervenir I'intention de I'autre, la mienne parfois, savoir ce qu'une chose suppose I'interprétation : faut alors faire paraître le sens. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture