La laïcité est-elle négociable ?

Résumé du document

La laïcité, plus qu'un principe, est un idéal de vie en communauté. En ce sens, il n'a peut-être jamais été parfaitement réalisé dans notre société, et peut-être ne le sera-t-il jamais. Mais il contribue à ce vers quoi les valeurs de nos institutions tendent : la liberté, l'égalité et la fraternité. Qui trouvera de meilleures valeurs que celles-là pourra peut-être remettre en question l'idéal laïque. En attendant, ces valeurs que soutient la laïcité, promeuvent la tolérance et l'entente entre les différents cultes au sein de la nation.
La laïcité ne doit donc pas être considéré comme un choix spirituel particulier qui se serait imposé aux autres au cours de l'histoire. C'est une conquête de la raison, de fait commune à chacun, qui définit le cadre nécessaire à la cohabitation des différents cultes.
Ainsi, en plus d'être difficilement négociable à moins de passer outre les valeurs fondamentales de la vie politique, la laïcité a-t-elle sûrement moins besoin d'être négociée que réaffirmée, en appliquant de nouvelles solutions pratiques de droit, pour l'adapter à une société en constante évolution.
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Extraits

[...] Ainsi, si la laïcité semble difficilement négociable, son cadre d'application n'est cependant pas si rigide qu'il y paraît, et la pratique du droit de la laïcité prévoit bien entendu des aménagements en vue de concilier libertés de conscience et neutralité de l'Etat. Le problème qui se pose alors est de savoir si la laïcité a véritablement besoin d'être négociée, et si ses détracteurs ne l'accusent pas à tort de maux dont elles n'est pas responsable, lorsqu'ils prétendent vouloir la négocier. [...]

[...] Cependant, malgré les mutations de la société française et les échecs de son modèle d'intégration, la laïcité est-elle pour autant négociable ? En effet, il paraît difficilement possible de revenir sur un principe éclairé et équitable, aux fondements de nos institutions et fortement ancré dans notre droit. Il est alors légitime de se demander si cela n'est pas une fausse question : en effet, la laïcité est dans une certaine mesure déjà négociable dans son application par le droit et les reproches de rigidité et de dogmatisme qu'on peut lui faire sont généralement le fruit d'amalgames ou d'instrumentalisations. [...]

[...] Ainsi, si la réalité met en évidence une telle inégalité le problème est d'appliquer la loi ou de créer un environnement lui permettant de s'appliquer, plus que de la modifier. 3.) La laïcité victime d'amalgames et d'instrumentalisations Le thème de l'inégalité des communautés au sein de notre société est l'argument principal de ceux qui veulent revenir sur le principe de laïcité. Mais, nous devons examiner plus avant leurs propos qui mettent en doute le bien fondé du principe de laïcité et voudrait le renégocier sous prétexte de rigidité et de nuisance à l'encontre de communautés spécifiques, car leurs arguments relèvent de l'amalgame, voire d'une forme d'instrumentalisation. [...]

[...] Il est alors aisé de comprendre que dans un tel contexte, le rôle du juge, et en particulier du Conseil d'Etat a été déterminant dans la mise en application des règles de laïcité. Dans certains cas précis, il a alors fallu qu'il dégage une règle précise, en véritable régulateur de la laïcité. Cette démarche démontre que si elle n'est pas à proprement parler négociable la laïcité fait l'objet d'un examen raisonné et tempéré, à l'heure d'être appliquée. On est donc loin d'un cadre rigide s'appliquant implacablement pour porter limite à toute prétention religieuse dans la sphère publique. [...]

[...] Ce n'est pas parce qu'une société laïque reconnaît à une jeune fille le droit de refuser l'excision, et de ne pas se soumettre aux exigences de sa communauté, qu'elle est intolérante vis-à-vis de celle-ci. Son horizon est le respect et la tolérance de chaque individu et donc de la volonté de chacun. Conclusion La laïcité, plus qu'un principe, est un idéal de vie en communauté. En ce sens, il n'a peut-être jamais été parfaitement réalisé dans notre société, et peut-être ne le sera-t-il jamais. [...]