Si la laïcité apparaît comme un moyen de fonder la démocratie (I), elle est avant tout une notion qui permet de concilier la religion et la démocratie au sein d'une même société (II). Dès lors, envisagée comme moyen et non comme fin et combat, elle contribue de façon incontestable au respect des différentes libertés, du pluralisme et de la tolérance dont l'existence au sein d'une démocratie témoigne de son bon fonctionnement
[...] La laïcité n'emporte pas une éradication totale de la religion de la vie sociale. Ainsi, il n'est pas question d'une laïcité qui se confondrait avec l'antireligion. En effet, le refus total et la condamnation de toute forme de religion conduirait à des conséquences tout aussi dangereuses que celles que l'on peut observer dans les pays affirmant des convictions religieuses, et tombant dans l'intégrisme. Ainsi, la révolution iranienne apporte l'exemple même de la politisation du religieux à travers la confusion entre politique et sacré, et de l'instrumentalisation du religieux à des fins de conquête de pouvoir ou de légitimation du pouvoir acquis. [...]
[...] Il ne s'agit pas ici d'imposer quoi que ce soit mais de s'inscrire de façon démocratique et pluraliste dans le débat social qui engage l'avenir de la collectivité. Comme le démontre le présent exemple, la laïcité dans son acception souple apparaît bien comme étant indispensable à un bon fonctionnement de la démocratie, dans la mesure où elle permet la prise en compte de points de vues multiples, sans l'élimination ou l'imposition d'aucun. L'équilibre entre le privé et le public est complexe à établir. [...]
[...] La laïcité est-elle indispensable à un bon fonctionnement de la démocratie ? Introduction Soulever la question de la laïcité et de ses rapports avec la démocratie revient à se pencher sur la problématique des relations entre Etat et Eglise. Comme l'a démontré l'Histoire, ces relations sont avant tout marquées au sceau de la complexité. En effet, la notion de laïcité ne fait pas l'objet d'une définition unique et monolithique. Bien au contraire, elle est un concept à géométrie variable dont la relation à la démocratie dépend du contenu qu'on lui donne. [...]
[...] Dans une célèbre phrase de La démocratie en Amérique, Tocqueville affirme que "la religion qui, chez les Américains, ne se mêle jamais au gouvernement de la société, doit donc être considérée comme la première de leurs institutions politiques ; car si elle ne leur donne pas le goût de la liberté, elle leur en facilite singulièrement l'usage". Ainsi, selon Tocqueville les hommes libérés des autorités traditionnelles peuvent prendre peur devant leur indépendance et peuvent de façon paradoxale être conduits vers le despotisme. Ainsi, pour Tocqueville c'est le sentiment religieux qui va permettre de tempérer à la fois l'activisme et la passivité. [...]
[...] Une telle conception rend impossible un nouveau compromis dans l'espace public. Elle est fondée sur une dichotomie tranchée entre le public et le privé. Cette distinction tranchée public/privé n'a plus lieu d'être dans les sociétés contemporaines modernes sous peine de conduire à une radicalisation des particularismes qui ne peut être que néfaste pour le fonctionnement de la démocratie. A titre d'exemple, nous pouvons avancer que le Conseil d'Etat dans l'affaire dite "du foulard islamique" a démontré cette évolution du concept de laïcité. [...]
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