Les religions servent la morale en demandant aux hommes d'être vertueux sous peine d'être damnés. Mais l'athéisme, qui voit dans cette croyance une superstition, prive la morale d'un précieux soutien. Sur quoi la fonder en effet, si ce n'est sur un commandement divin ? La morale ne peut-elle être fondée que sur une religion ? Il s'agit de s'interroger sur le fondement de la morale et le but des religions. Ces pratiques reposent sur des lois supposées universellement valables, qui nous sont présentées comme des commandements absolus institués dans l'intérêt des hommes, conduisant à la vertu et au salut de l'âme. Pour les religions, ces lois sont des principes transcendants révélés par Dieu. Elles sont immanentes à la nature humaine pour la morale, qui veut les en déduire à la seule lumière de la raison (...)
[...] Ce guide ne peut être la loi elle-même, remarque Rousseau. Ce serait circulaire. On ne peut instituer une loi obligeant les hommes à obéir aux lois, car il leur faudrait déjà les suivre pour lui obéir et l'on n'aurait donc pas eu à les instituer. Ce n'est donc pas par la loi qu'ils ont été amenés à obéir aux lois, conclut Rousseau. C'est ce qui lui fait dire qu'un chef de tribu comme Moïse dut avoir recours à la religion pour en instituer. [...]
[...] La vraie loi morale est celle que l'homme se donne à lui-même, non celle qu'on lui impose. Elle doit alors être inscrite dans la conscience des hommes et n'est universellement valable que lorsqu'elle se fonde sur la seule nature humaine. Elle est dans ce cas la même pour tous les hommes, quelle que soit leur religion. Elle nous demande seulement de considérer l'humanité comme une fin en soi et de ne jamais la traiter comme un moyen. C'est le principe de l'humanisme, qui fonde la morale sur la personne et la raison, non sur la religion, tout en admettant qu'elle puisse y conduire. [...]
[...] La philosophie existentialiste se fonde sur ce seul constat. Il n'est pour elle ni Dieu, ni humanité : aucun commandement divin ni essence de l'homme. C'est une philosophie athée qui se fonde seulement sur l'existence humaine. Or l'athéisme n'est pas l'immoral, souligne Sartre. L'affirmation de la liberté humaine rend au contraire l'homme entièrement responsable de son être : sans essence pour le déterminer, il n'est que ce qu'il en fait. Chacun est finalement ce qu'il choisit d'être ; son être est l'ensemble de ses choix. [...]
[...] La morale doit rompre avec les religions La morale ne se fonde ni sur la religion, ni sur le respect de l'humanité, nous dit Sartre. Elle naît de l'angoisse que les hommes éprouvent face au néant et au fardeau de leur liberté. Si Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Nous sommes seuls, sans excuses (L'existentialisme est un humanisme, p. 39). Sartre remarque que la morale humaniste ne s'est pas affranchie de la tutelle des religions, contrairement à ce qu'elle prétend. [...]
[...] Qu'est-ce que le bien ? Que faire et que peut-on espérer ? Sur quoi fonder la morale ? Est-ce un acte de foi en l'humanité ? I. Les religions peuvent servir la morale La morale et la politique n'ont pu instituer des lois qu'en se servant de la religion, affirme Rousseau. Il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes nous dit-il, en ajoutant qu'il ne peut pas en conclure que la politique et la religion aient un objet commun, mais que dans l'origine des nations, l'une sert d'instrument à l'autre (Du contrat social, II, VII). [...]
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