Si l'homme est un « zoon logistikon », « un vivant doué de raison/parole », comme Aristote le définit, alors la réponse semble aller de soi. L'homme n'est pas un animal comme les autres. Il est bien un animal, c'est là son genre prochain. Mais étant doué de raison, différence spécifique, il n'est pas un animal comme les autres. Ce faisant, il n'y a là rien qui soit extraordinaire, aucun animal n'est un animal comme les autres. Tous les membres du genre animal se distinguent par leur différence spécifique qui en fait des animaux différents des autres. Un animal est comme les autres membres de son espèce, et non pas comme les autres animaux en général. Il faut donc considérer que la question « l'homme est un animal comme les autres ? » va plus loin que ce premier sens.
L'homme ne manifeste-t-il pas une telle dénaturalisation dans ses comportements, que l'affirmation d'une base d'animalité dans sa définition serait inutile et même trompeuse ? Bien loin de nous renseigner sur la nature humaine, ne nous en éloignerait-elle pas ? L'animalité n'est-elle pas si mutilée en l'homme que l'affirmation de son appartenance au genre animal en deviendrait elle-même problématique ? L'homme n'est-il pas si différent de tous les animaux, toutes espèces confondues que le définir comme un animal, même au simple titre de genre prochain, se révélerait sans pertinence, et que son intégration au règne animal deviendrait inopérante ?
Laquelle de ces deux alternatives est donc la bonne : l'homme est-il un animal parmi les autres avec sa spécificité propre sur fond d'appartenance plus large, ou bien est-il si différent qu'il faut dire qu'il n'est pas ou plus un animal ?
Mais que faire alors de la dimension irréductiblement biologique de la vie humaine ? L'homme n'est pas qu'un existant, il est aussi un vivant. Comment nier cette part naturelle ?
Allons plus loin et inversons la question. Demandons-nous, de façon un peu provocatrice, si les animaux eux-mêmes sont tous des animaux comme les autres. En effet, n'a-t-on pas trop réduit l'animal à un automate, un pur être d'instinct incapable de pensée, d'apprentissage et d'innovation, afin de le séparer de l'homme ? (...)
[...] est une question du passé, les réflexions à venir tourneront plutôt autour de la question : Certains animaux ne sont-ils pas déjà des hommes (des êtres de culture) comme les autres ? Dès lors ne convient-il pas de se demander pouvons-nous encore traiter les animaux comme des choses ou des quasi-choses ? Quelles relations construire avec ces animaux qui nous ressemblent de plus en plus ? Comment interagir avec eux ? [...]
[...] L'homme s'est défini comme le seul être culturel. Il y a de l'apprentissage et de la transmission dans le monde animal (chimpanzés, entre autre). L'homme s'est défini comme le seul être capable de fabriquer des outils. Certains animaux (chimpanzés encore) fabriquent des outils. L'homme s'est défini comme le seul être doué de conscience de soi. Certains animaux (chimpanzés toujours, éléphants) sont doués de conscience. L'homme s'est défini comme le seul être doué du langage. Il a dû définir le langage par la double articulation pour le distinguer des moyens de communication que possèdent les animaux. [...]
[...] Cette seconde nature constitue un monde artificiel. Elle est un complexe de productions et de significations que l'homme a projeté sur le monde par son travail (praxis) et par sa pensée (théoria). Elle est le fruit du désir, de l'imaginaire, de la conscience et du langage. Or cette seconde nature constitue la négation de la première. C'est pour se libérer des contraintes que la nature fait peser sur lui et pour se donner un monde où il serait pleinement chez lui et dans laquelle toute altérité menaçante aurait disparue que l'homme a érigé cette seconde nature. [...]
[...] Il est un primate. La génétique nous apprend ainsi que l'homme partage 99% de son patrimoine génétique avec le chimpanzé, donc que quantitativement la différence ne porte que sur de celui-ci. Depuis longtemps, certes, l'humanité a conscience que de profondes différences séparent l'homme du reste du monde animal. Les mythes, tels que le mythe de Prométhée, essayent de rendre compte de cette différence. Mais la théorie de la néoténie montre que les principaux traits qui caractérisent l'homme et le rendent si différent des autres animaux (bipédie, moindre spécialisation organique, capacité symbolique) est elle- même le fruit d'une évolution toute naturelle. [...]
[...] Mais que faire alors de la dimension irréductiblement biologique de la vie humaine ? L'homme n'est pas qu'un existant, il est aussi un vivant. Comment nier cette part naturelle ? Allons plus loin et inversons la question. Demandons-nous, de façon un peu provocatrice, si les animaux eux-mêmes sont tous des animaux comme les autres. En effet, n'a-t-on pas trop réduit l'animal à un automate, un pur être d'instinct incapable de pensée, d'apprentissage et d'innovation, afin de le séparer de l'homme ? L'homme est un animal . [...]
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