L'histoire est-elle une science ? - publié le 14/10/2009

Résumé du document

Trois objections ont été faites à ceux qui considéraient l'histoire comme une science. Tout d'abord il n'y a pas d'observation directe du fait en histoire puisque l'histoire est la connaissance du passé et que le passé est par définition ce qui n'est plus. Ensuite, même si la connaissance du passé est possible, elle restera subjective car l'historien est l'homme d'un pays, d'une classe sociale, d'une époque et il ne donnera vie au passé qu'en tenant compte de ses propres valeurs et de ses préoccupations présentes (...)

Extraits

[...] De plus, la subjectivité de l'historien est-elle un obstacle insurmontable comme on le prétend ? D'ailleurs, Michelet pour écrire son Histoire de France voulait oublier l'époque contemporaine, s'interdisait de lire le journal, s'enfermait toute la journée aux Archives ce qui ne l'a pas empêché de projeter dans son œuvre des valeurs sentimentales, des tendances politiques, si bien que l'Histoire de France de Michelet nous apprend plus de choses sur lui-même que sur la France. L'historien semble donc prisonnier du cours de l'histoire. [...]

[...] L'histoire est-elle une science ? Trois objections ont été faites à ceux qui considéraient l'histoire comme une science. Tout d'abord il n'y a pas d'observation directe du fait en Histoire puisque l'Histoire est la connaissance du passé et que le passé est par définition ce qui n'est plus. Ensuite, même si la connaissance du passé est possible, elle restera subjective car l'historien est l'homme d'un pays, d'une classe sociale, d'une époque et il ne donnera vie au passé qu'en tenant compte de ses propres valeurs et de ses préoccupations présentes. [...]

[...] Mais si l'établissement du fait historique est un processus scientifique, comment le récit historique réduit à la succession d'évènements singuliers et toujours nouveaux serait-il scientifique ? La science cherche à travers ce qui se passe ce qui est identique. Une loi scientifique pose des éventualités (si tel phénomène se produit, alors tel effet s'ensuivra). On oppose souvent l'esprit scientifique généralisateur et abstrait à l'esprit historique, méticuleux et concret. L'évènement historique est unique, ne se répète pas et il est possible de le reproduire en laboratoire pour préciser ses conditions d'existence. [...]

[...] Par exemple, Marc Bloch a pu comparer l'Histoire de la société féodale en France, en Allemagne, en Italie et au Japon. Dans tous ces pays, l'économie rurale apparaît comme une condition de la société féodale et c'est toujours le développement du commerce qui précipite l'évolution et la disparition du régime seigneurial. Mais il est vrai que dans le domaine historique où tout influe sur tout, le savant ne peut pas isoler les causes déterminantes aussi rigoureusement que le physicien ou le chimiste qui, en laboratoire, peuvent constituer un système fermé de causes et d'effets en nombre limité. [...]