Lorsqu'un choix s'impose, on fera, semble-t-il, confiance à celui qui est pourvu d'une certaine expérience par rapport à celui qui débute tout juste. Mais n'est-ce pas un réflexe quelque peu hasardeux ? Effectivement l'expérience est-elle forcément toujours instructive ? N'y a-t-il pas des expériences qui nous induisent en erreur ? Le problème posé est donc de savoir si l'expérience doit être effectivement reconnue comme la source de tout savoir. Est-elle suffisante ? Plus encore, ne peut-elle faire obstacle à la connaissance elle-même ? Quel rôle joue au fond l'expérience dans la constitution de notre savoir ? (...)
[...] En somme, l'expérience apparaît peu fiable. Elle doit donc être surmontée ou niée pour que nous puissions penser juste et agir avec efficacité. Si l'expérience fonde la connaissance et l'interdit en même temps, ne faut-il pas nous interroger si elle est effectivement originaire ? III- Le statut originaire de l'expérience. Une telle contradiction ne tient-elle pas au fait que nous l'avons, et de manière spontanée, conçue comme un point de départ ? Comme telle en tout cas, l'expérience s'est révélée à la fois nécessaire mais également insuffisante, ne permettant pas de savoir vraiment le rôle qui est le sien dans la connaissance. [...]
[...] Il est alors bien plus raisonnable d'admettre que nos théories scientifiques ne sont que des hypothèses basées sur des probabilités fortes pour le moment. Et plus encore, l'expérience peut même faire obstacle à la connaissance elle-même car il existe des expériences trompeuses. En effet, il suffit de plonger un morceau de bois dans l'eau pour s'en rendre compte. A l'observation le bâton paraît brisé, or nous savons que c'est faux. L'expérience peut ainsi barrer l'accès à tout progrès, voire même dangereuse dans le cas où elle produirait un excès d'assurance. [...]
[...] Conclusion : Alors même que, d'une manière spontanée, nous avons pensé l'expérience comme source de la connaissance, nous avons dû renoncer à une telle hypothèse parce que l'expérience ici s'est avérée discutable. L'expérience n'est jamais initiale, au fondement de savoir, mais résulte d'un travail préalable de la pensée, aussi limité soit-il. Ce qui nous a conduits à comprendre que l'expérience est fondamentalement construite et qu'elle n'est pas au fondement du savoir bien que dans le temps, elle en est à l'origine : comme l'écrit si bien Kant : la connaissance commence avec l'expérience, cela ne signifie pas qu'elle dérive toute de l'expérience». [...]
[...] L'expérience est-elle forcement instructive ? II- Les limites propres de l'expérience. En regardant bien, l'expérience ne conduit pas d'elle même à la connaissance et il ne peut jamais suffire d'observer passivement les faits afin d'en tirer quelque chose. Elle est silencieuse, et la simple collecte de faits ne donne jamais d'elle-même le jour à une loi. Pour un homme de science, un fait n'a en réalité d'intérêt que s'il problématise et entre en opposition avec la théorie admise en commun. [...]
[...] L'expérience s'impose comme l'origine de la connaissance. Connaître, c'est avoir vécu. Effectivement, parce que nous n'avons pas fait l'expérience personnelle de la douleur, la mort . on sait sans véritablement savoir de quoi il s'agit. Ainsi, si ma connaissance est juste théorique, elle n'est pas effective, mais seulement abstraite, et seule l'expérience peut délivrer un savoir qui sera authentique, concret. L'expérience me permet ainsi de parler d'une chose en connaissance de cause. L'effet de cette expérience nous pousse ainsi à multiplier les expériences, à nous confronter à nous même, afin qu'advienne enfin cette expérience dont on dit qu'on l'a. [...]
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