Les techniques récentes de procréation artificielle nous habituent peu à peu à ce que l'embryon humain soit manipulé comme un objet, ou traité comme un moyen. Ainsi, les tissus de l'embryon de quelques jours (il fait alors à peine quelques millimètres) peuvent être utilisés ou prélevés. Sans compter les nécessaires déchets de ces techniques : pour un embryon qui sera implanté avec succès dans le ventre maternel, deux ou trois autres auront été fécondés en surnombre et ne survivront pas.
[...] A tout le moins, l'embryon n'aurait-il pas droit au respect, en tant qu'être vivant ? Là encore, la réponse de Kant est non : Le respect pour l'homme, dit-il, est un respect pour quelque chose qui est tout à fait autre que la vie. Cette formule implique d'une part que la vie n'est pas une valeur (ce qui ne veut pas dire qu'elle n'en a pas). L'homme est une valeur supérieure à la vie et à la nature en général. [...]
[...] La personnalisation de l'embryon correspond d'autre part, selon la foi, à l'acte par lequel Dieu infuse son âme spirituelle à l'être humain (ce qu'on appelle encore l'animation). Quand, au juste. Dieu infuse-t-il l'âme dans le corps de l'homme ? Cette question était déjà débattue par les théologiens au Moyen Age. Les techniques les plus modernes ne font en l'occurrence que raviver de vieilles questions. L'Eglise catholique semble actuellement pencher vers l'idée que l'animation aurait lieu dès la conception : L'âme spirituelle de tout homme est immédiatement créée par Dieu. [...]
[...] A quoi correspond-il dans l'humain ? Le débat s'engage sur cette question. Pour les uns, en effet, il suffit, pour être une personne, de posséder le génome humain, en d'autres termes, d'être homme au plan génétique. Le critère de l'humanité, c'est-à- dire de la personnalité, est alors naturel, biologique. La personne est coextensive à l'organisme qui la sous-tend, qui en est le substrat matériel. Pour le dire plus simplement, on peut dans ce cas poser une égalité stricte entre la vie humaine et la personne humaine. [...]
[...] Il faut donc remonter à la question fondamentale : doit-on reconnaître la dignité de personne à tout être humain dès sa conception ? En d'autres termes, quand commence l'être humain ? Partie I. Le respect de la vie humaine. La dignité de l'homme tient dans le principe du respect que nous appelions plus haut. Ce dernier trace une ligne de démarcation qui devrait être infranchissable entre les personnes et les choses. Posséder le statut de personne, c'est être reconnu comme sujet. Inversement, une chose est utilisée, échangée ; elle est à l'entière disposition de qui la possède. [...]
[...] Kant brise l'égalité entre vie humaine et personne humaine. La personne ne se dit que du sujet raisonnable, capable de juger et de décider par lui- même. C'est le sujet qui dispose de la pleine autonomie morale, qui ne s'incline pas devant l'instinct ou les tendances de sa nature, mais seulement devant la loi qui doit à la raison d'être universelle. Ainsi, l'obligation de respect est par excellence l'exemple d'un principe moral, car universel. Cette autonomie n'est pas non plus une chose innée ; elle s'acquiert. [...]
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