A quelques années de la Révolution française, E. Kant publie l'article Réponse à la question : Qu'est-ce que les lumières ? dans lequel il réaffirme l'esprit des philosophes des Lumières tout en y ajoutant certains de ses principes. En effet, l'auteur définit dans le texte des concepts essentiels portant principalement sur la liberté et sur l'entendement, sur la propre utilisation de sa raison. C'est sur ce sujet que porte cet extrait ; Kant y expose tout d'abord la situation "d'asservissement" d'une majeure part de la population. Il tente ensuite d'expliquer ce phénomène, mettant en lumière le rôle de chacun, tout en le critiquant violemment. Il nous démontre que raisonner par soi-même apporte infiniment plus de satisfaction que d'ennuis, et nous incite fortement à user de notre propre entendement (...)
[...] Seulement il n'est d'aucun intérêt pour eux d'enseigner à la masse un moyen pour parvenir à cette autonomie. En effet ils disposent d'un pouvoir non négligeable, celui d'inculquer aux mineurs leurs propres pensées. Kant dit même qu'ils exercent une haute direction sur l'humanité Il explique ironiquement que, dans leur grande bonté, ils ont accepté cette tâche : diriger les masses, les éduquer, les faire travailler, etc. En réalité celle-ci est extrêmement gratifiante et s'y étant accommodés ils exercent tout leur talent à démontrer à la masse les dangers qu'il y a à devenir majeur, autonome. [...]
[...] Il remet sa décision à un autre. Ici c'est le médecin qui décide du régime que doit suivre le mineur ; mais il ne choisit pas seulement, il dicte il oblige le mineur à réaliser ce qu'il préconise. On peut apercevoir derrière le médecin l'image d'un tuteur qui ne nourrirait son élève que de certains savoirs, en omettant d'autres qu'il jugerait néfaste, non pour son élève mais pour lui-même. Ces exemples permettent de préciser la notion de minorité : l'homme mineur se caractérise par son assujettissement à un tuteur, à son hétéronomie et à sa paresse. [...]
[...] Cette réponse a initialement l'objectif de mieux définir les Lumières et l'esprit qui les animent. Kant va au-delà, il expose le constat qu'avaient noté avant lui les philosophes éclairés : l'hétéronomie gangrène la société humaine et laisse le soin à quelques uns de dicter les pensées et la conduite des autres. Ce texte est très critique tant sur le plan éthique que politique. Kant attaque la paresse et la lâcheté des mineurs, montrant les désavantages d'un tel état, il s'en prend également aux tuteurs et donc aux despotes, qui manipulent la masse à leurs propres fins au détriment de celles des hommes mineurs. [...]
[...] En effet l'auteur montre comment un homme peut subir son existence à partir de préjugés, de raisonnements qui ne lui sont pas propres. Ainsi un livre peut faire office d'entendement c'est-à-dire de raison, l'homme mineur tombe alors dans la complète hétéronomie que Kant définit dans le reste de l'article. Ce terme s'oppose à l'autonomie qui est le fait de pense par soi- même et d'agir selon ses propres réflexions, selon son entendement. L'hétéronomie consiste alors à emprunter les pensées d'un autre, à établir son entendement sur des préjugés (le préjugés s'oppose à l'idée dans le sens qu'il est totalement extérieur à celui qui l'assimile). [...]
[...] Le mineur ne serait donc pas entièrement responsable de ses actes, il dépend d'une autorité, d'un tuteur. La personne mineure s'apparente en fait à un enfant. A l'inverse les tuteurs correspondraient à leurs parents, à leurs responsables. Cette situation découle, nous explique Kant, de la paresse et de la lâcheté de ces mineurs. En effet comme le dit l'auteur à la ligne 4 il est amplement plus facile de rester dans la minorité, dans l'irresponsabilité. On a de ce fait ni à faire des choix ni même à justifier ses décisions. [...]
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