Kant débute en s'interrogeant sur la manière dont notre esprit en est venu à l'idée d'un « être absolument nécessaire » : Kant remarque en effet que jamais personne ne s'est posé cette question, prenant cela pour acquis.
[...] ( En effet, l'on soutient qu'étant donné le possible qui est Dieu, l'existence suit nécessairement du concept. Mais, objecte Kant, en quel sens entend-on cette conséquence ? ( On peut concevoir le rapport entre le concept et l'existence comme analytique (l'existence serait tirée du concept d'être parfait) : dans ce cas, l'existence est de même nature que le concept. Le concept n'existe que dans notre esprit, donc l'existence qu'on affirmera est une existence purement idéelle. C'est l'idée de l'existence, non l'existence réelle. [...]
[...] Conclusion : ( La critique de cet argument se trouve déjà fort bien faite par Kant dans le traité de 1763 : De l'unique fondement possible d'une démonstration de l'existence de Dieu. Kant y dénonçait déjà cette erreur, de traiter l'existence comme un prédicat, comme un attribut, alors qu'elle est quelque chose de tout à fait spécial, d'irréductible à un concept : elle est l'ensemble des attributs posés en dehors de la pensée. En 1781, dans sa première critique, Kant réaffirme que l'être n'est pas un prédicat réel, et ajoute en plus que, l'existence doit être insérée dans le contexte de l'expérience pour pouvoir être affirmée. [...]
[...] Absolument nécessaire désigne dans le concept, une nécessité logique, mais ne concerne pas l'existence. Il ne faut donc pas confondre et : Si on pose que Dieu existe, alors il est un être absolument nécessaire (mais cela n'implique pas que Dieu existe nécessairement). Dieu est un être absolument nécessaire, donc il existe (faux d'après Kant) On ne peut pas déduire une existence d'une proposition logique. En effet, ce concept d'être absolument nécessaire n'est qu'une détermination logique, ne posant rien par lui-même La suppression du sujet entraîne celle de ses prédicats ( Kant poursuit : de la même manière que la définition du triangle contient l'égalité de ses trois angles à deux angles droits, on affirme que le concept d'être nécessaire contient l'existence. [...]
[...] Si une chose est un triangle alors elle a trois angles. Dans cet exemple, est sert de liaison entre deux concepts : chose et triangle. De même il devrait être possible de dire : si une chose est Dieu alors elle est telle que rien de plus grand ne peut être pensé (pour reprendre la formule de Saint Anselme). Ici aussi, le petit mot est sert de lien entre deux concepts : Dieu et chose. Et peu importe si cette chose existe ou pas. [...]
[...] Ce passage du concept à l'existence est-il légitime ? ( Comme l'indique le titre de cette quatrième section, Kant considère ce passage illégitime et même impossible. En effet, et c'est sa thèse centrale, l'existence n'est pas comprise dans la notion de Dieu, elle n'est pas une propriété de l'essence d'un objet mais la position de l'objet dans l'intuition empirique. Le texte a été scindé en deux parties, de manière quasi-arbitraire : le cœur de la réfutation se situe dans la seconde partie du texte, en particulier le passage Être n'est pas un prédicat réel par cet être placé en dehors de mon concept. [...]
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