Dans le cadre de la problématique générale portant sur la première réception de l'œuvre de Kant immédiatement après la publication de la Critique de la raison pure en 1781, réception au sein de laquelle la question de la chose en soi a joué un rôle central, nous avons choisi de nous intéresser à ce que l'on désigne parfois, sous le titre d'élimination de la chose en soi, comme une des marques de naissance de l'idéalisme allemand. A ce titre, l'œuvre de Fichte nous a semblé centrale et décisive, puisqu'elle apparaît à la fois historiquement et chronologiquement comme la première manifestation de ce mouvement, et en même temps se présente explicitement comme une entreprise de systématisation de la pensée kantienne, projet qui se trouve par là en prise direct avec les débats tenus dans les années 1780 et 1790 autour de la première réception de l'œuvre de Kant.
[...] Nous matérialiserons cependant un certain nombre de points d'arrêts. En premier lieu une attention toute particulière sera portée à la période 1793-1796 et les textes entourant la naissance de la première WL : Assises, Recension de l'Enésidème, première WL et ses deux introductions. En effet, dans cette période, on voit Fichte prendre directement position dans le débat sur l'interprétation de la Critique et dialoguer encore très directement avec les kantiens, Reinhold, Schultz et Jacobi en particulier. Dans ce travail de présentation notre principale entrée dans notre problème sera constituée par la Seconde introduction à la Doctrine de la Science. [...]
[...] Jusqu'où s'étend selon Kant l'usage des catégories, et en particulier celui de la catégorie de causalité ? Il ne s'applique qu'au champ des phénomènes ; soit : seulement à ce qui est déjà pour nous et en nous-mêmes. Et comment peut-on dès parvenir à admettre comme fondement du contenu empirique de la connaissance un être (etwas) différent du Moi ? Je pense que cela n'est possible que par un raisonnement remontant du fondé au fondement soit par un usage du concept de causalité. [...]
[...] Fussler, GF. Critique de la faculté de juger, tr. fr., Alain Renault, GF. - Œuvres contemporaines de la Critique Jacobi F. H., David Hume et la croyance, idéalisme et réalisme, tr. fr., L. Guillermit, réed. Vrin 2000. [...]
[...] Résoudre le problème de la chose en soi pour Fichte à cette date, se résumait donc ainsi : rendre raison de la passivité par l'activité. Nous tenterons de confronter dès que cela sera possible les textes de Fichte à ceux de Kant, non seulement à travers la lettre des nombreuses citations de la Critique donnée par Fichte lui-même, mais aussi en tentant de compléter ces citations données comme autant de preuves à l'appui de sa lecture, par celles qui, constituant comme leur inséparable répondant dans l'économie de la Critique, permettent seules de donner à chaque occurrence la place et le sens qui lui revient eu égard au plan général de l'ouvrage, et ouvrent, peut-être, d'autres lectures possibles. [...]
[...] J'ignore mon activité dans cette pensée, parce qu'elle n'est plus libre. Ce n'est que du point de vue philosophique que je puis réfléchir (schliessen) sur cette activité de ma pensée C'est en effet au plan de l'ensemble du système, par conséquent des trois Critiques, que pourra être résolu entièrement le problème de la chose en soi, et c'est ici que viendra jouer tout son rôle chez Fichte l'affirmation du primat de la vie pratique sur la vie théorique. Si la WL devait comprendre une métaphysique, comme prétendue science des choses en soi, et si l'on exigeait d'elle une telle science, c'est à sa partie pratique qu'elle devrait renvoyer. [...]
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